« Charité bien ordonnée commence par soi-même »

Prêtre du diocèse de Versailles depuis 22 ans et fondateur du Padreblog (site d’évangélisation tenu par des clercs), le père Pierre Amar s’est donné jusqu’à l’épuisement dans son ministère. De ce coup d’arrêt salutaire relaté dans un livre, il a tiré de précieuses leçons. Propos recueillis par Raphaëlle Coquebert, pigiste.

Le père Pierre Amar

Selon vous, qu’est-ce qui pousse les gens à deve­nir béné­voles ?
Notre cœur est une boîte à désirs : nous avons envie de faire des choses ! Nous avons aussi des charismes et des compé­tences qui peuvent être utiles. La vie en société ressemble à un orchestre sympho­nique où chacun joue sa parti­tion. S’il est harmo­nieux, le résul­tat comble chacun des musi­ciens. C’est aussi, à mon sens, l’une des raisons de l’en­ga­ge­ment : on y reçoit de la recon­nais­sance, parfois plus que dans son métier ! Le salaire du béné­vole, c’est la recon­nais­sance : un puis­sant moteur de satis­fac­tion person­nelle.

Pourquoi une société a-t-elle fonda­men­ta­le­ment besoin du béné­vo­lat ?
N’avons-nous pas rencon­tré le béné­vo­lat dans la première des socié­tés : notre famille ? C’est là que nous appre­nons à donner, à nous déran­ger pour l’autre. Sauf à habi­ter sur une île déserte, le béné­vo­lat est une règle non écrite du vivre-ensemble : le collec­tif, c’est apprendre à conju­guer nos talents, à en faire profi­ter l’autre, à faire de la diffé­rence une richesse. Si nous étions tous pareils, y aurait-il encore du béné­vo­lat ?

Quelle est la spéci­fi­cité du béné­vo­lat chré­tien ?
Sans hési­ter : l’uni­ver­sa­lisme ! Au nom du Christ, tout homme est un frère. C’est ce qui a poussé Mère Teresa à s’in­ves­tir auprès des pauvres de Calcutta, sans d’abord penser à se poser la ques­tion de la reli­gion, de la couleur de peau, etc. Des chré­tiens ont essayé de théo­ri­ser cette atti­tude en un acro­nyme : QFJAMP ou « Que ferait Jésus à ma place ? ». Se poser la ques­tion, c’est souvent avoir la (bonne) répon­se…

Votre apos­to­lat rejoint par de nombreux aspects celui des béné­voles. Vous avez, vous-même, tiré sur la corde. Comment l’évi­ter ?
Le sujet a été merveilleu­se­ment traité dans l’ou­vrage du père Pascal Ide Le burn out ou la mala­die du don (2015). Il y montre combien « charité bien ordon­née commence par soi-même ». Si je ne vais pas bien, je ne pour­rai aider les autres. Prenons soin de nous !

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