L'argent, comment en parler en équipe ?

Les questions financières peuvent conduire les Vincentiens comme les personnes aidées à des situations échappant à la vie de l'équipe, voire à des dérives affectives ou des situations d'emprise. Il ne faut jamais hésiter à en parler et à demander de l’aide.

« Prête-moi, je te rendrai. »  Malgré cette promesse, la rela­tion entre personnes peut se trou­ver ruinée par un non-rembour­se­ment. Mais des tensions peuvent aussi naître entre béné­voles, sur le niveau de vie de chacun et l’im­pres­sion que les personnes aidées par l’équipe de béné­voles (Confé­rence) sont finan­ciè­re­ment plus à l’aise que des confrères et consœurs. Enfin, certains auront aussi l’illu­sion de résoudre un problème en se foca­li­sant seule­ment sur l’as­pect comp­table d’une situa­tion.

Que dit la Règle inter­na­tio­nale ? 

L’ar­ticle 3.14 («  emploi de l’ar­gent et des biens pour les pauvres ») rappelle que « le plus grand soin et la plus extrême prudence, tout autant que la géné­ro­sité sont néces­saires dans la gestion des fonds de la Société.  »

En Confé­rence, les Vincen­tiens décident ensemble, pièces à l’ap­pui, à qui l’aide est attri­buée. Tout est argu­menté, docu­menté, et les entrées et sorties d’ar­gent sont tracées comp­ta­ble­ment. 

À rete­nir

Impor­tance de la vie en Confé­rence : afin de parler, écou­ter, échan­ger sur les situa­tions ; d’être atten­tifs aux confrères qui s’isolent, aux non-dits d’une personne par pudeur ou timi­dité.

Accom­pa­gne­ment par tous : un binôme est choisi au sein des membres, il sera plus parti­cu­liè­re­ment dédié au suivi de la situa­tion, fera des retours des actions au reste de l’équipe.

Vigi­lance du tréso­rier : c’est néces­saire pour faire le point sur la situa­tion de la personne aidée.

"L'argent doit être employé avec prudence"

Jeanne Lorne

Membre de la cellule Vigi­lance-Bien­trai­tance et de la commis­sion conci­lia­tion ; Confé­rence Bien­heu­reuse-Rosa­lie-Rendu (Chalon-sur-Saône)

  Quand de telles situa­tions vous sont confiées, que faites-vous ?  

Nous deman­dons aux personnes de racon­ter les faits le plus objec­ti­ve­ment possible. Parler est primor­dial dans un premier temps. Par la suite, dres­ser un bilan écrit de la situa­tion permet de prendre du recul et de consta­ter que la rela­tion est « hors normes ». Une rela­tion bila­té­rale, quand elle devient dange­reuse pour l’un des deux, doit s’ou­vrir à une tierce personne (membre, président de Confé­rence ou du dépar­te­ment). Par ailleurs, toute connais­sance d’un acte de malveillance doit être dénoncé. Pour des faits graves, on pour­rait repro­cher, dans une procé­dure civile, aux membres du CA dépar­te­men­tal de ne pas avoir commu­niqué sur les mesures mises en place par la SSVP pour faire remon­ter et trai­ter ces infor­ma­tions.

  Et si la situa­tion semble échap­per ?  

Nous sommes béné­voles. Nous ne savons pas tout faire. Il nous faut savoir avoir recours aux spécia­listes : psycho­logues, assis­tants de service social, avocats, etc. 

  Comment faire un lien entre argent et spiri­tua­lité ?  

Sur l’uti­li­sa­tion de l’ar­gent en Confé­rence, l’ar­ticle 3.14 de la Règle inter­na­tio­nale donne des éléments de réponse. Il rappelle comment l’ar­gent doit être employé : avec « soin et prudence », qu’il n’est pas dans l’es­prit vincen­tien de thésau­ri­ser et à quelles condi­tions les fonds peuvent (excep­tion­nel­le­ment) être desti­nés à d’autres asso­cia­tions. Le même article précise que les déci­sions doivent être prises collé­gia­le­ment « après mûre réflexion, à la lumière de l’Évan­gile et des prin­cipes vincen­tiens ». C’est aussi dans la Règle qu’il est rappelé aux membres qu’ils « ne doivent jamais oublier que faire don de son amour, de ses capa­ci­tés et de son temps est plus impor­tant que le don d’ar­gent ».  

Bernard* aide Marc*, marginalisé depuis plusieurs années. Un soutien au-delà de ce qui est décidé en réunion, voire contre l’avis de la Conférence. Bernard a donné environ 26 000 euros à Marc, il se laisse facilement toucher par les misères qu’il côtoie.  » *prénoms d'emprunt

Après le décès de sa fille handicapée, Anne* s’est prise d’affection pour Laure,* une personne en difficulté. Elle éponge ses dettes et n’est plus réceptive aux conseils et alertes de ses confrères de sa Conférence pour gérer cette situation. » *prénoms d'emprunt

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