Les Non-Oubliés de la Dominique

Le 27 août 2015, Erika s’abat sur la Dominique. Grâce au courage de la population, la reconstruction est bien avancée. Mais des familles isolées sont toujours en grande souffrance.
Tandis que les festivités du Carnaval résonnent dans tous les recoins des petites Antilles, certaines parties de la Dominique, encore difficiles d’accès, ne sont pas au diapason de ces réjouissances carnavalesques.
Cela fait un peu plus de 5 mois maintenant que cette petite île volcanique, connue également sous le nom d’ « Ile nature » des Caraïbes, a été ravagée par la tempête tropicale baptisée du tristement célèbre prénom «Erika », faisant 31 morts, des dizaines de disparus et occasionnant d’importants dégâts.
Parmi les victimes, on compte aussi des collègues Vincentiens et leurs familles. Ils ont été personnellement touchés. Certains ont perdu la totalité de leurs biens. Theodora TOUSSAINT, membre du Conseil National de la SSVP à la Dominique, témoigne :
Une vision d’enfer
« Erika a été dévastatrice pour notre île. Beaucoup de personnes âgées ont dit n’avoir jamais connu de telles précipitations, une telle force destructrice de l’eau. Certains ont décrits d’épais rideaux de pluie tombant du ciel.
Des parents ont vu leurs enfants projetés en bas des pentes et des enfants ont regardé leurs parents être balayés par des coulées de boue et ils ne pouvaient rien faire pour les sauver car ils étaient eux-mêmes pris dans les décombres. D’autres encore ont témoigné de leur sauvetage miraculeux »
Un peuple courageux dans l’adversité
« Les villages les plus touchés se situent au sud-est, déclaré zone sinistrée. Les gens n’avaient aucune échappatoire possible. Ils étaient encerclés par les glissements de terrain. Toutes les routes avaient été emportées. Leur seule issue, utiliser de petites pirogues ou les hélicoptères affrétés par l’Etat et l’aide internationale…
Deux autres communautés à l’extrémité est de l’île, accessibles uniquement par hélicoptère, ont même été isolées pendant 4 mois. Impossible de rallier les autres parties de l’île.
La côte ouest de l’île a subi de graves inondations. Ponts et maisons détruites ou gravement endommagées. Animaux, véhicules, appareils électroménagers, outils… emportés par les flots. L’un des villages est même devenu le lit de la rivière et les habitants ont dû abandonner leurs maisons… Beaucoup ont perdu leurs moyens de subsistance pour ne pas dire plus.
Aujourd’hui encore les familles sont séparées. De nombreux enfants ont dû être déplacés et envoyés dans d’autres écoles, d’autres maisons. Ils sont toujours traumatisés.»
Une solidarité entre voisins
« La Dominique est située entre deux départements français, la Martinique et la Guadeloupe. Nous parlons un langage commun, le « créole français ». Il existe une bonne coopération entre les peuples de nos îles ».
« Le Conseil Départemental de la SSVP Martinique a été très bon pour nous. Il a été l’un des premiers à venir à notre aide et à envoyer des fonds de secours. Autour de Noël, il a envoyé des jouets et des fournitures scolaires qui furent répartis entre 9 conférences pour distribution dans les écoles de leur secteur. Il a en outre promis une assistance supplémentaire, y compris des vêtements et effets personnels pour aider les victimes, ce que nous accueillerons avec reconnaissance… Nous exprimons notre gratitude pour leur appui, leur soutien et leur générosité »
Une solidarité fraternelle
« La Société de Saint Vincent de Paul ici à la Dominique, tend la main aux infortunées victimes dans toutes les zones qui ont été touchées car il y a des conférences dans la plupart des communautés.
Nous avons aidé à alléger le fardeau des difficultés auxquelles ces familles étaient confrontées. Nous avons distribué paniers de nourriture, eau, articles de toilette, articles pour bébés, lits, matelas, draps et autres articles ménagers… Nous avons aussi fourni des outils à quelques travailleurs indépendants.
Toutefois un certain nombre de familles n’a pas encore pu être joint et notre Société s’est engagée à aller au-devant d’elles. Quelques artisans ont un besoin urgent d’outils et d’équipements. A eux aussi nous espérons pouvoir apporter notre aide pour qu’ils soient en mesure de se remettre debout et retrouver quelques moyens de subsistance»
Propos recueillis et traduits de l’anglais par Sylvia H. Fossé
CD Martinique