Des ateliers numériques à la Société de Saint-Vincent-de-Paul (Paris)


Jérôme Perrin
« Rendre autonome et redonner confiance »
Jérôme Perrin est président du Conseil départemental de Paris à la Société de Saint-Vincent-de-Paul et membre du comité national pilote sur l’éthique du numérique. Selon lui, former les exclus du numérique les rend autonomes, et surtout leur redonne confiance en eux. Par Meghann Marsotto, pigiste
« À Paris, explique Jérôme Perrin, nous avons commencé à œuvrer en faveur d’une appropriation des outils digitaux par nos usagers à travers l’aide prodiguée par un écrivain public numérique. Fin 2019, le dirigeant d’une petite PME, qui s’occupe de cours informatiques pour enfants et pour adultes, nous a proposé de permettre à nos bénévoles d’utiliser ses locaux le week-end, pour faire de l’inclusion numérique. Nous avons pu concrétiser ce projet fin 2020, avec l’appui d’une équipe de jeunes dont les bénévoles se relaient chaque samedi. On commence à avoir maintenant une dizaine des 65 équipes de Paris qui touchent à ces questions, dans le cadre d’accueils de jour, de permanences… »
Un sentiment de déclassement
« On recense des besoins divers, poursuit Jérôme Perrin : Ceux qui ne se sentent pas capables et ceux qui n’ont pas d’outils. Pour les seconds, plein de dispositifs existent pour avoir un équipement décent pas trop cher. Mais les gens ont parfois des outils mal configurés et finissent par se décourager. Il y en a aussi qui voient leurs enfants s’en sortir sur les outils numériques et qui se sentent incapables, eux-mêmes, de les suivre pour les aider, mais aussi pour superviser ce qu’ils font. Cela peut provoquer des sentiments de déclassement, d’humiliation, de honte. Faire à leur place résout leurs problèmes sur le moment, pas le regard qu’ils portent sur eux-mêmes. Prendre le temps de former les personnes est la seule façon de leur rendre leur autonomie et de restaurer leur estime d’elles-mêmes ».
L’intérêt du partenariat
Selon Jérôme Perrin, « l’accompagnement à la transition numérique est un service fraternel qu’on doit pouvoir développer, ceci sans forcément vouloir le faire en solo. Je pense qu’on a intérêt à faire ça en partenariat. Essayons d’apprendre les uns des autres, quitte à bénéficier de formations, si tant est qu’il y en ait besoin. Moi, j’ai par exemple suivi une formation du Secours Catholique dans le 13e arrondissement ».