Notre Histoire

 La Société de Saint-Vincent-de-Paul est née d’un défi. Confron­tés au climat anti­chré­tien qui règne sur les bancs de l’uni­ver­sité dans les années 1830, quelques étudiants de la Sorbonne s’en­gagent à répondre aux critiques en montrant que leur foi est agis­sante. Dans la capi­tale, marquée par la misère, ils se mettent au service des plus pauvres tout en pour­sui­vant leur vie d’étu­diant. Leur action est simple : ils pratiquent la visite à domi­cile à l’exemple d’une Fille de la Charité, Sœur Rosa­lie Rendu, bien connue du quar­tier Mouf­fe­tard, l’un des plus pauvres de Paris. Le leader de ce groupe est Frédé­ric Ozanam. À vingt ans, son charisme attire de nombreux jeunes qui s’en­gagent à sa suite. Pour orga­ni­ser leurs actions, ils se répar­tissent dans ce qu’ils appellent des « Confé­rences de Charité » et ils se placent sous la protec­tion de saint Vincent de Paul.

 

Formi­dable expan­sion

D’une poignée au départ, ils se retrouvent rapi­de­ment plusieurs milliers à Paris. Quit­tant la capi­tale pour vivre leur vie profes­sion­nelle, des étudiants créent des Confé­rences un peu partout en France puis à l’étran­ger : en Europe tout d’abord puis aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Asie. Pour accom­pa­gner cette formi­dable expan­sion, Frédé­ric Ozanam et ses amis orga­nisent ce réseau de charité qui devient la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Elle struc­ture les liens entre les Confé­rences, édicte une règle (toujours en vigueur), établit des enti­tés par pays. Aujour­d’hui la Société de Saint-Vincent-de-Paul compte 800 000 béné­voles dans 45 000 Confé­rences répar­ties dans 150 pays.

 

Figures vincen­tiennes

Vincent de Paul
Vincent de Paul (1581–1660)

Vincent de Paul : l’apôtre de la charité

Fils de paysan des Landes, Vincent de Paul voit dans la prêtrise l’oc­ca­sion d’une ascen­sion sociale. En allant à Paris, il se met au service de Margue­rite de Valois, ancienne reine au titre de son mariage avec le roi Henri IV. Il est chargé de distri­buer ses aumônes aux pauvres. Il entre ensuite au service des Gondi, grande famille de France. Desser­vant les paroisses, visi­tant les villages, il découvre la misère des campagnes. Chargé d’as­su­rer une présence spiri­tuelle auprès des galé­riens, il mesure aussi l’ur­gence à être auprès des exclus. Il s’en­toure de prêtres dési­reux de servir les pauvres et fonde la Congré­ga­tion de la mission, les laza­ristes, qui s’éten­dra rapi­de­ment dans le monde. Son but : « suivre le Christ évan­gé­li­sa­teur des pauvres ». La spiri­tua­lité de saint Vincent de Paul marque son temps. Il est déclaré saint en 1737 et patron des œuvres de charité.

Soeur Rosalie Rendu
Soeur Rosa­lie Rendu (1786–1856)

Rosa­lie Rendu et les premiers béné­voles de la SSVP

Dans le Jura, la maison de la famille Rendu est un refuge pour les prêtres réfrac­taires, qui refusent de prêter serment à la Révo­lu­tion. C’est dans ce contexte que se forge la foi de la petite Jeanne-Marie. À la mort de son père, elle quitte la maison pour le pension­nat et découvre le travail des Filles de la Charité. Elle entre au novi­ciat à 16 ans à Paris. De santé fragile, elle est placée dans la petite commu­nauté du quar­tier Mouf­fe­tard, le plus misé­rable de la capi­tale. Elle prend le nom de Sœur Rosa­lie et se donne aux pauvres en allant les visi­ter chez eux. Elle ouvre une phar­ma­cie, un dispen­saire, une école, une crèche, un orphe­li­nat. Deve­nue supé­rieure de sa commu­nauté, elle insiste sur la prière qui précède l’ac­tion. Sa répu­ta­tion dépasse le quar­tier et on vient cher­cher conseil auprès d’elle. Elle sera l’étin­celle qui lancera Frédé­ric Ozanam et ses compa­gnons dans les Confé­rences de Charité. À sa mort en 1856, une foule immense accom­pagne sa dépouille. Le Pape Jean-Paul II la proclame bien­heu­reuse en 2003.

Frédéric Ozanam
Frédé­ric Ozanam (1813–1853)

Frédé­ric Ozanam, fonda­teur du réseau de charité

Frédé­ric, c’est un peu le premier de la classe. Il réus­sit tout ce qu’il entre­prend. Il étudie le droit puis les lettres et devient profes­seur à la Sorbonne. Il parle couram­ment plusieurs langues et a de nombreux amis. Il épou­sera Amélie dont, il aura une fille, Marie. Il est catho­lique et comme tout jeune étudiant, c’est un passionné. Pendant la première moitié du XIXe siècle, les débats font rage entre les courants athées et le catho­li­cisme. À 20 ans, Ozanam dépasse ces débats d’idées et met sa foi en action avec quelques amis étudiants. À l’école de Soeur Rosa­lie Rendu, il se lance dans la visite aux plus pauvres dans un esprit proche de celui de saint Vincent de Paul : contem­pla­tion, action et orga­ni­sa­tion. Son groupe gran­dit à Paris puis se multi­plie en France et à l’étran­ger. Placées sous la protec­tion de saint Vincent de Paul, les petites équipes prennent le nom de Confé­rences de Saint-Vincent-de-Paul réunies au sein de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Il est déclaré bien­heu­reux en 1997.

Louise de Marillac
Louise de Marillac (1591–1660)

Louise de Marillac et les Filles de Charité

Née hors mariage, élevée par des sœurs domi­ni­caines avec d’autres jeunes filles de la noblesse, Louise veut très tôt  consa­crer sa vie au silence et à la prière. Mais non seule­ment elle n’est pas accep­tée dans le couvent auquel elle postule, mais son oncle tuteur cherche à tout prix à la marier. Elle épouse M. Legras, un écuyer royal, qui, grave­ment malade meurt préma­tu­ré­ment. Veuve, mère d’un enfant, en pleine dépres­sion Louise est illu­mi­née le jour de la Pente­côte 1623 par un appel à servir les pauvres. Elle rencontre Vincent de Paul alors qu’il a déjà fondé la Congré­ga­tion de la Mission. Celui-ci l’in­vite à parti­ci­per avec lui à des œuvres de charité et quelque années plus tard il en fait sa colla­bo­ra­trice. Vincent de Paul n’at­tend pas d’elle qu’elle aille plus loin mais elle, témoin de la géné­ro­sité de nombreuses femmes qui veulent donner leur vie pour les pauvres, se fait insis­tante auprès de Vincent de Paul pour les regrou­per dans une commu­nauté. Dix ans après sa vision de la Pente­côte 1623, elle fonde les Filles de la Charité. Elle est décla­rée sainte par l’Eglise en 1934.

Pier Giorgio Frassati
Pier Gior­gio Fras­sati (1901–1925)

Pier Gior­gio Fras­sati : modèle pour les jeunes béné­voles

Ce jeune italien de bonne famille a été un servi­teur des pauvres discret. Son cœur s’ est ouvert très tôt à la détresse des ouvriers et des pauvres dans la ville de Turin, où habite sa famille qui ne partage pas sa foi. À sa propre initia­tive, puis à travers la Confé­rence de Saint-Vincent-de-Paul, il visite les pauvres. Tourné vers le dépas­se­ment de soi, il a une passion pour les sommets monta­gneux qu’il gravit un a un. Il mène ses études à fond, envi­sage d’être prêtre, tombe amou­reux, s’en­gage en poli­tique contre le fascisme. Il meurt à 24 ans, frappé par la polio­myé­lite contrac­tée lors d’une visite à un malade. Il est béati­fié et déclaré patron des spor­tifs et des confré­ries par Jean-Paul II en 1990.