Des courses qui redonnent le sourire

« Il y a d’abord le moment où je vais cher­cher France chez elle : je charge son caddie dans ma petite voiture utili­taire et je l’aide à monter avec précau­tion. Le trajet est alors l’oc­ca­sion de l’échange de nouvelles, de l’éva­lua­tion. Puis nous arri­vons au centre commer­cial…  » Chaque semaine depuis deux ans, Michel, retraité et béné­vole à la SSVP de Pontoise (95), déploie le même rituel savam­ment pensé. Il emmène au super­mar­ché cette personne de 85 ans, en grande préca­rité et ancienne béné­vole de sa Confé­rence, qui ne peut plus faire ses courses toute seule. La vieille dame attend avec impa­tience, chaque mercredi, cette unique sortie hebdo­ma­daire à quelques enca­blures des Louvrains, le quar­tier prio­ri­taire dans lequel elle vit.

« Une fois arri­vés dans la grande surface, France commence toujours par le rayon culture. Je la laisse tranquille, pour qu’elle puisse choi­sir tranquille­ment ses livres et ses mots croi­sés… » Tout au long des rayons, Michel se tient à distance de sa proté­gée tout en veillant sur elle. Il la laisse deman­der conseil aux employés, choi­sir ses produits, ouvrir elle-même les réfri­gé­ra­teurs : « Il faut voir comme elle y tient ! » Et réap­pa­raît au moment de peser les légumes, de porter des packs d’eau et la litière pour chat dans le caddie. À force d’ha­bi­tude, Michel sait aussi combien les chan­ge­ments de rayon­nages peuvent agacer France, et que les néons des super­mar­chés fatiguent la vue des personnes âgées. Alors il lui rappelle qu’elle va se réha­bi­tuer à la lumière du jour, et la guide prudem­ment vers la voiture qu’il a pris soin de garer près de la sortie.

Quand il décharge le caddie de France chez elle, une bonne partie de la mati­née s’est écou­lée, « mais ce n’est plus la même femme : elle a de quoi vivre pour la semaine, elle a vu du monde, et elle a pu vider son sac avec moi  ». Michel ne cesse de plai­der pour cette manière de rendre service qui lui procure « une grande satis­fac­tion vincen­tienne  ». Et il se réjouit que le CCAS, auprès duquel il a souvent témoi­gné, ait acheté récem­ment un « Kangoo », comme lui, pour mettre en place un service équi­valent.