Didier Decaudin : «L'action vincentienne imite le Christ»

Quel est le fonde­ment spiri­tuel de la Société de Saint-Vincent-de-Paul ?

À l’ori­gine, les Confé­rences de charité étaient fréquen­tées par des étudiants chré­tiens dési­reux de s’épa­nouir au plan spiri­tuel. C’est toujours l’objec­tif de nos consœurs et confrères, semblables aux « justes » auxquels s’adresse cet extrait de Matthieu (25,35–40) : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étran­ger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi […] toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » L’ac­tion vincen­tienne est chris­tique en cela qu’elle imite le Christ dans la manière qu’il a eue d’abor­der les gens et de les rencon­trer.

Comment la Confé­rence fait-elle vivre la spiri­tua­lité vincen­tienne ?

La Confé­rence n’est pas là pour mener des actions unique­ment. Au sein de la commis­sion spiri­tua­lité, on insiste beau­coup pour que les Confé­rences vivent un vrai temps spiri­tuel au moment de leurs réunions. Celui-ci permet de resi­tuer toute l’ac­tion dans la pers­pec­tive chris­tique. On est porté par une spiri­tua­lité, la spiri­tua­lité porte l’ac­tion et l’ac­tion enri­chit la spiri­tua­lité. Ce va-et-vient perma­nent doit exis­ter en Confé­rence. Si l’on ne parle jamais de Dieu, si on ne partage jamais ce qu’on vit, on passe complè­te­ment à côté de l’idéal de nos fonda­teurs.

Quel est le rôle de l’ani­ma­teur spiri­tuel ?

L’ani­ma­teur spiri­tuel n’a pas pour but de faire un ensei­gne­ment théo­lo­gique. À partir d’un support – par exemple un texte biblique ou une lettre d’Oza­nam – il va faire parler les gens. Il n’est pas ques­tion de connais­sances, de formu­ler des choses apprises ou qui auraient dû l’être. Il s’agit de dire son senti­ment, par rapport à un retour d’ex­pé­rience par exemple. En parta­geant, on analyse, on dit l’es­sen­tiel et on laisse de côté ce qui paraît secon­daire, tout le monde a la parole et on médite à partir de ce qui est dit collec­ti­ve­ment. 

Propos recueillis par Meghann Marsotto, pigiste.