La Famille vincentienne, une histoire de transmission

Comment avez-vous connu notre asso­cia­tion?

Michel Zano­guera : À 5 ans, j’ai rejoint le patro­nage Saint-Joseph, tenu par des reli­gieux de Saint-Vincent-de-Paul. Ils nous inculquaient le partage. Dans ce patro­nage, il y avait une petite Confé­rence de jeunes qui, dans les années 70, récu­pé­rait du char­bon dans les caves pour le distri­buer aux personnes âgées qui n’avaient rien. En 1975, je ne pouvais plus m’oc­cu­per des enfants puisque j’étais entré en acti­vité donc natu­rel­le­ment, j’ai rejoint une Confé­rence.

Auré­lie Chata­gnon : Moi, c’est un ami, Georges, qui m’a dit : « Si tu as du temps, on a un petit local à côté et on a besoin d’aide. » Au départ, je ne savais pas où je mettais les pieds. J’étais en congé paren­tal, j’avais du temps et je voulais avoir d’autres occu­pa­tions. J’ai donc commencé à m’im­pliquer par les actions, et petit à petit s’est déve­loppé le désir d’en savoir plus sur l’as­so­cia­tion. Et ça fait main­te­nant 10 ans que ça dure.

Comment avez-vous accédé à davan­tage de respon­sa­bi­li­tés ?

M. Z. : Je suis d’un natu­rel timide, je ne m’ima­gi­nais pas prendre un poste à respon­sa­bi­li­tés mais le président de ma Confé­rence m’avait repéré. Quand il a souhaité passer la main en 1982, il m’a proposé de prendre sa suite. Nous étions un groupe d’amis donc j’ai accepté serei­ne­ment. J’ai commencé à siéger dans ce qu’on appe­lait alors le Conseil local puis dans le Conseil dépar­te­men­tal. À nouveau, le président du Conseil local m’a pris sous son aile. C’était beau­coup plus compliqué pour moi car, entre prési­dents de Confé­rences, nous nous connais­sions moins. À ma prise de poste, j’avais prévu un discours que j’ai lu sans déta­cher mes yeux de la feuille devant moi (rires).

A.C. : On savait que Michel allait passer la main. Je me deman­dais si quelqu’un de plus ancien ou expé­ri­menté allait propo­ser sa candi­da­ture. Je me suis lancée en avril dernier, et, depuis le 31 mai 2023, je suis la nouvelle prési­dente du CD Loire-Saint-Étienne. Michel et moi travail­lions en binôme depuis la crise sani­taire de 2020. Il reste présent pour m’épau­ler et m’ap­prendre les ficelles du métier.

Que diriez-vous des rela­tions qui se nouent entre Vincen­tiens ?

M.Z. : J’ai des amis très proches, de très longue date dans ma Confé­rence. On tisse de belles amitiés, et, à mesure qu’on évolue, on s’en­toure de ce cercle proche avec lequel on sait bien fonc­tion­ner.

A.C. : C’est impor­tant de créer une bulle de bien-être dans sa Confé­rence parce que c’est conta­gieux, y compris pour les personnes aidées. Avec le temps, les amis deviennent une véri­table famille, la Famille vincen­tienne.

Quel est le rôle de vos familles respec­tives dans votre enga­ge­ment ?

M.Z. : Les vies des enfants, des conjoints, sont forcé­ment impac­tées par notre enga­ge­ment car c’est un très gros inves­tis­se­ment. Mon épouse, Edwige, était elle-même membre de la SSVP. Elle a levé le pied pour s’oc­cu­per de l’édu­ca­tion de nos quatre garçons mais elle est restée très impliquée, à travers ses conseils, la relec­ture de certains docu­ments… et c’est pareil pour mes fils. Depuis tout petits, ils ont grandi avec la SSVP. Ils dres­saient les tables avant les festi­vi­tés de Noël, ils chan­taient… parti­ci­per rele­vait pour eux de l’évi­dence. Aujour­d’hui adultes, ils sont prêts à se lever à 7h du matin pour nous prêter main-forte.

A.C. : Mon mari et moi nous sommes enga­gés en même temps. L’exemple de Michel et Edwige a été inspi­rant pour nous, ils nous ont montré que c’était possible, en couple, en famille, d’avoir ce niveau d’im­pli­ca­tion. Nos enfants marchaient à peine qu’ils déplaçaient déjà des bacs de denrées alimen­taires pour nos béné­fi­ciaires. On a constaté qu’ils portent sur le monde un regard diffé­rent de celui des autres enfants de leur âge. Ils sont parta­geurs sans qu’on ait à le leur deman­der. Quand on passe un réveillon de Noël à l’asile de nuit, ils n’ont aucune atti­tude de rejet vis-à-vis des personnes aidées. Je trouve donc qu’au plan éduca­tif mon enga­ge­ment a un effet très posi­tif sur eux. Avant que je dépose ma candi­da­ture au poste de prési­dente de CD, on a fait un conseil de famille. Je voulais qu’on puisse parler de ce que ça impliquait, que je sois élue ou non. C’est une déci­sion qu’on a prise ensemble. 

On tisse de belles histoires.