« L’engagement sur un temps long permet aux bénévoles d’adapter leur action »

Aide alimentaire, rupture de l’isolement et mixité sociale vont de pair à la Salle à Manger, restaurant social à La Défense (Hauts-de-Seine), dont la Société de Saint-Vincent-de-Paul est partenaire. Son directeur, Antoine de Tilly, témoigne.
Quel est le principe de la Salle à Manger ?
Il s’agit d’une émanation de notre structure d’accueil de jour, la Maison de l’Amitié. Deux problématiques nous étaient apparues : la solitude des personnes en précarité, et les questions de nutrition et de santé. De nombreuses personnes se nourrissent mal, avec ce qu’elles trouvent (produits avariés, trop sucrés…). Nous avons donc fondé ce restaurant. Des salariés en insertion professionnelle cuisinent les produits frais donnés par une association. Nous recevons des personnes orientées par des structures sociales, avec un repas à 1 euro. Les travailleurs de la Défense paient leur repas normalement. Tous sont servis à table par des bénévoles.
Avez-vous vu le nombre de bénéficiaires évoluer avec la crise économique ?
La fréquentation de notre accueil de jour a sensiblement augmenté depuis le Covid. Nous arrivons à la limite de nos locaux, avec 200 à 210 personnes accueillies par jour. Les 60 couverts du restaurant sont pleins tous les jours.
Les bénévoles ressentent-ils cette tension entre l’aide alimentaire et la relation avec les bénéficiaires ?
Oui, régulièrement. Cela dépend aussi du profil des bénévoles : certains sont plus à l’aise dans le « faire » – déplacer des cartons, dresser la table… D’autres dans le « savoir-être » – rencontrer, passer du temps avec les personnes. La relation avec les personnes en grande précarité n’est pas toujours simple. Nous proposons aux bénévoles des formations et des groupes d’analyse des pratiques. Les gens évoluent, d’où l’importance de l’engagement sur un temps long, qui permet à chacun d’apprendre à connaître et gérer ses zones de confort ou d’inconfort.