Bérengère: J’ai été reconnue en tant que personne 

Accueillie par la Confé­rence Saint-Étienne-du-Mont (Paris 5e) dans un moment de grande fragi­lité, Béren­gère témoigne aujour­d’hui du chemin accom­pli. Et d’un parcours qui l’a amenée à dire : « J’ai moi aussi de la valeur. » Par Benoit Royal, Membre de la commis­sion spiri­tua­lité  

Quand Béren­gère m’a déclaré qu’elle avait « été recon­nue en tant que personne  » par l’équipe des béné­voles de la Confé­rence de Saint-Étienne-du-Mont (Paris 5e), j’ai immé­dia­te­ment pensé à ce merveilleux témoi­gnage de Berna­dette à Lourdes qui, parlant de cette belle dame qui lui était appa­rue, déclara : « Elle m’a regar­dée comme une personne. » Berna­dette avait ressenti toute la tendresse de Marie dans son regard porté sur elle. C’est aussi toute la bien­veillance témoi­gnée par les béné­voles de Paris que Béren­gère a perçue quand elle a poussé la porte d’un repas partagé après y avoir été invi­tée par une autre personne accom­pa­gnée.

« J’ai tout de suite été sensible au lien social bien­veillant que j’ai trouvé au contact des béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, explique Béren­gère. J’ai vécu un vrai partage au cours duquel je n’avais pas forcé­ment à expo­ser mes diffi­cul­tés, et où j’ai eu le senti­ment que j’avais moi aussi des choses à donner. C’est comme un partage où progres­si­ve­ment on prend conscience qu’on a une valeur, qu’on est digne d’in­té­rêt. Soudain, on ne se sent plus inutile, ni trans­pa­rent au regard des autres. On retrouve de l’es­time de soi.  »

Parta­ger son témoi­gnage

Pendant la période de confi­ne­ment qui a succédé aux premières rencontres, les béné­voles de Saint-Étienne-du-Mont ont tout fait pour main­te­nir le lien avec les personnes accueillies. Ils ont orga­nisé des rencontres « petit-déjeu­ner » dans la rue en appor­tant des paniers avec de quoi grigno­ter. « Malgré la diffi­culté, mon isole­ment était rompu, se souvient Béren­gère. Je me suis sentie accom­pa­gnée et un peu plus humaine. Cela m’a donné ensuite envie, à mon tour, de vouloir aider et parti­ci­per à ma façon. »

Quelque temps plus tard, « Didier Decau­din (membre de la Confé­rence) est venu me propo­ser de témoi­gner dans le cadre d’une retraite à Notre-Dame de la Salette (lire « ma foi est deve­nue palpable »). J’ai hésité, et, malgré mon appré­hen­sion, j’ai accepté. Je l’ai pris comme un cadeau, une marque de confiance, j’ai voulu en être digne. Cela m’a aussi renfor­cée dans l’idée que, en tant que personnes accueillies, nous avions des choses à donner. »

Aider à son tour

« Main­te­nant, j’ai l’idée que l’être humain peut être capable de beau­coup de belles choses. J’évo­lue. Je ne sais pas où cela va aller. Je suis plus en confiance. » Béren­gère confie se retrou­ver dans les valeurs de la Confé­rence et avoir envie de s’in­ves­tir aux côtés des béné­voles. « En parti­cu­lier avec Anne Pellaz qui m’a si géné­reu­se­ment accueillie et accom­pa­gnée, et avec tant de bien­veillance. Je ne me sens pas encore assez forte pour deve­nir béné­vole mais j’ai avancé et je sais que je ne suis pas seule car j’ai trouvé des personnes sur lesquelles m’ap­puyer et cela fait toute la diffé­rence. »  

 

Bérengère a témoigné de sa foi lors d'une retraite spirituelle à Notre-Dame de la Salette.

Ma foi est devenue palpable

« C’était ma première retraite dans ce sanctuaire de la Salette. J’avais un peu d’appréhension, mais j’ai été surprise de voir que mon témoignage pouvait faire écho chez d’autres. C’était comme un retour, un don envers les personnes qui m’avaient aidée. J’ai été très touchée par la tendresse de la Vierge Marie, par son contact avec les enfants. Le groupe m'a soutenue et m'a amenée à cheminer vers Marie. Cela m'a aidée à entrer dans la prière car ce n’est pas évident seule.  Au cours de cette retraite et de mes rencontres, j’ai appris à rechercher le Seigneur dans l’humain, dans les textes et dans les chants. Ma foi est devenue beaucoup plus palpable parce que je la vis plus au quotidien et pas uniquement dans les cérémonies religieuses. »

Au sanctuaire de Notre-Dame de la Salette, Bérengère a partagé avec les autres bénévoles des temps de spiritualité et de marche en montagne.