Christophe : "Je suis très motivé et j’ai un ange gardien"

Près du béni­tier, tête incli­née vers le cœur et main tendue vers la porte, notre ami nous offre son sourire. Je le salue et lui offre l’obole, puis nous échan­geons quelques mots avec émotion.

Chris­tophe se présente comme une personne sans abri, en galère et raconte son chemin avec émotion. Sa maman est atteinte d’un cancer et les rela­tions sont complexes. Mais la galère a vrai­ment commencé quand il a perdu son père il y a 10 ans. Il vit, depuis, entre la rue, le 115, et la géné­ro­sité de « tout à chacun ». Il a été hébergé récem­ment par un couple avec deux enfants, des chien ; il n’y avait pas vrai­ment de place pour lui, mais ils ont décidé de l’ac­cueillir. Ensuite la rue est reve­nue à nouveau.

Des rencontres déci­sives

La Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP) accom­pagne et guide les personnes, si elles le souhaitent, vers les bonnes struc­tures d’in­ser­tion. La rencontre avec Patrick, béné­vole à la SSVP, lui a permis de retrou­ver une force et cela a été un déclic pour poser des actes concrets vers la lumière. Il y a d’abord eu l’échange avec le CCAS, qui permet une aide concrète aux personnes en diffi­culté finan­cière ou fragi­li­sées socia­le­ment. 
Puis, de fil en aiguille, un contact avec le collec­tif « Bâti action » qui accom­pagne par le projet des personnes en situa­tion de recherche d’em­ploi, les motive et les forme pour les placer en entre­prise. La volonté farouche de s’en sortir permet à Chris­tophe, après quelques jours de mise à l’épreuve, d’être embau­ché en tant qu’agent d’en­tre­tien de voirie.

Une chaîne de soli­da­rité

Malgré de merveilleux efforts, Chris­tophe est toujours à la rue et en attente d’un loge­ment social. Mais cette rue est destruc­trice et il paraît impen­sable de briser tant d’ef­forts. 
Un parte­na­riat se noue entre la paroisse, les fidèles et la Société de Saint-Vincent-de-Paul qui va se relayer pour l’hé­ber­ger et le faire tenir mora­le­ment. C’est ainsi qu’une collecte est orga­ni­sée pour quelques nuits d’hô­tel. Puis, en fin de messe, une solu­tion plus pérenne est trou­vée. Des fidèles vont se porter volon­taires pour l’hé­ber­ger. C’est ainsi qu’il va être logé et nourri par six familles pendant trois mois, jusqu’au 1er juillet, date à laquelle, par « miracle », il obtient son petit loge­ment social tant attendu.

La volonté farouche de s’en sortir, permet à Chris­tophe, après quelques jours de mise à l’épreuve, d’être embau­ché

Un sourire retrouvé

Les familles qui ont accueilli Chris­tophe ont témoi­gné de ces périodes très fécondes au niveau des échanges de vies. Cette histoire n’est pas seule­ment celle de Chris­tophe, mais égale­ment celle de toute une commu­nauté, qui a décidé, ensemble, d’ac­com­pa­gner Chris­tophe jusqu’au bout. 
Grâce à ce réseau d’en­traide struc­turé dans la durée, il est à présent un citoyen heureux. « Je suis très motivé, et j’ai un ange gardien… », répète-t-il avec un grand sourire. 
* CCAS Centre Commu­nal d’Ac­tion Sociale

Patrick LESTIENNE, Confé­rence St Jean Marie-Vian­ney de Pessac (33600)

Cette histoire n’est pas seule­ment celle de Chris­tophe, mais égale­ment celle de toute une commu­nauté