Les Vieux: «Je voulais donner la parole aux personnes âgées»
La Société de Saint-Vincent-de-Paul est partenaire du film Les Vieux réalisé par Claus Drexel. Sortie en salle le 24 avril 2024.
Les Vieux, le dernier film de Claus Drexel (Au bord du Monde, Une affaire de famille), sort en salle le 24 avril 2024. Ce documentaire, dont la Société de Saint-Vincent-de-Paul est partenaire, explore la richesse des vies de ceux qui ont été témoins de près d’un siècle d’histoire. Le réalisateur offre une immersion profonde dans l’univers des aînés, révélant leurs récits emplis d’humour, d’émotion et de rébellion.
Claus Drexel
Réalisateur
Quelle inspiration a guidé la réalisation de ce film dédié aux personnes âgées?
L’inspiration de ce documentaire m’est venue de manière spontanée. Je tournais aux États-Unis et tout à coup je me suis dit 'j’ai envie de faire un film sur les personnes âgées’. C’était le désir de leur donner la parole, d’explorer leur univers et de partager leurs histoires riches et variées. On les entend pas assez. En plongeant dans leurs vies, je souhaitais mettre en lumière les liens unissant à l’histoire collective, à travers le prisme de leur expérience personnelle.
Comment les protagonistes du film ont-ils été sélectionnés?
Mon idée première était de partir sur les routes au hasard, comme pour d’autres réalisations précédentes, mais ça n’a pas été possible, donc ça induit forcément un casting. Évidemment, c’est totalement impossible de faire un film exhaustif, mais il y avait cette volonté de parler de la France, de sa construction, de ses diversités culturelles, ethniques, socio-culturelles ou des professions. J’ai cherché à rassembler un ensemble de voix reflétant la diversité du pays, à travers le vécu des personnes âgées. L’objectif était de capturer l’authenticité de leurs témoignages, créant ainsi un portrait vivant et émouvant de la société française.
Qu’en est-il du casting ? Était-ce une démarche principalement axée sur les rencontres humaines?
Mon objectif était de refléter la diversité de la société française à travers le vécu des personnes âgées, d’où la recherche de profils variés, comme des mineurs de fond ou un marin pêcheur. Les rencontres fortuites ont été privilégiées, permettant de capturer l’essence de la diversité française de manière organique. Dans le film, il y a une dame guadeloupéenne qui est bouleversante, elle raconte comment elle a élevé ses enfants, travaillant le jour et s’occupant des personnes âgées le soir.
Comment avez-vous travaillé?
J’essaie d’amener les personnes à parler, sans leur poser de questions ou le moins possible. D’ailleurs, c’est pour cela que les entretiens durent généralement assez longtemps, entre une et trois heures. Le dispositif est assez simple: je demande à Sylvain – le directeur photo – de quitter la pièce une fois que la caméra est lancée. Ensuite, je ne dis pas grand chose, on parle de la météo, du déjeuner… Et puis j’aime les silences. J’ai un petit truc: je fais semblant d’avoir un problème technique, je règle les boutons… tout à coup la personne se met à parler ! Ce sont des moments forts.
Parmi les sujets évoqués, il y a la mort?
J’ai l’impression que les personnes âgées sont plus apaisées par rapport à la question, alors que l’échéance est beaucoup plus proche. J’ai l’image de la vie qui pourrait être comme une journée : on se lève le matin plein d’énergie et on va se coucher après une journée bien remplie. Il y a quand même des personnes qui sont terrifiées, notamment Roland, qu’on voit à la fin du film.
Quels messages espère-t-on transmettre à travers ce documentaire?
Ce film est une célébration de la vie. C’est un hommage à la résilience et à la richesse des parcours individuels. Ce documentaire désire encourager un dialogue entre les générations, soulignant l’importance de ces échanges pour la compréhension mutuelle et pour la transmission des savoirs.
Propos recueillis par Jean-Charles Mayer,
directeur de la communication