Le Carême pour s’enraciner en Dieu
« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » ( Samuel 2, 9) Voici le temps du Carême. Et si celui-ci était avant tout un temps de recherche et d’écoute ? Bien sûr, il s’agit d’une préparation directe à Pâques. Reprenant le propre itinéraire du Christ, le Carême s’ouvre par le récit de la tentation de Jésus au désert et s’achève par son triomphe sur la mort, le mal et le péché.

Quatre points forts
Si pendant le Carême, les candidats adultes au baptême se préparent à « renaître dans le Christ » la nuit de Pâques, chaque chrétien (même « ancien » baptisé) est appelé à prendre le temps d’une grande retraite annuelle. C’est le combat spirituel à la suite de Jésus. Il nous revient de visiter notre vie afin de trouver des moments – après avoir supprimé le superflu et le secondaire – pour prendre un temps pour la prière, pour lire la Bible, pour rendre plus intense notre charité fraternelle. Envisager également de jeûner. Il s’agit de quelques privations volontaires pour nous apprendre à nous maîtriser afin de grandir en liberté. Nous sommes bouleversés par les difficultés de la société d’aujourd’hui.
« Que puis-je, moi à ma place ? » La prière nous met en lien avec « Quelqu’un » qui est plus fort que celui qu’on appelle le Prince de ce monde, celui qui répand le Mal gangrenant notre planète à travers ce que le pape Jean-Paul II a appelé les structures du péché.
Consacrer des moments dans la journée à la lecture de la Parole de Dieu, c’est ce qui nous soutient dans l’effort de la prière.
Vincentiens, voici que nous sommes appelés à vérifier notre charité, notre amour miséricordieux à l’image du Bon Samaritain si cher à notre Société de Saint-Vincent-de-Paul.
« S’enraciner en Dieu »
Saint Vincent de Paul, s’adressant à ses disciples à la suite du psaume 72, verset 23 et 24 (« Seigneur, tu m’as saisi par la main et Tu m’as conduit selon tes desseins »), ajoutait ceci : « Pour être vraiment témoin de Jésus-Christ, il faut être enraciné en Dieu. » Pour Vincent, Dieu est notre hôte intérieur, notre Maître de maison. Il faut donc l’aimer, l’adorer et l’imiter. La retraite du Carême nous permet de nous « revêtir du Christ » à la suite de saint Vincent, de Frédéric Ozanam, de Louise de Marillac. Ainsi, nous percevons le rôle de l’Esprit Saint, l’ardeur de son Amour, sa puissance d’action dans notre âme et notre vie.
Frédéric disait à ses amis, donc à nous aujourd’hui, tâchons de ne pas nous refroidir. Que la prière, contact avec la Parole de Dieu, nous permette de « brûler » du feu évangélique, du zèle apostolique qui semble trop souvent en sourdine dans bien des communautés chrétiennes.
Mort et vie dans nos vies
Le Carême nous conduit à réfléchir à la mort et à la vie, peut-être plus qu’à d’autres périodes de l’année. La méditation de la passion de Jésus est bel et bien l’écho de nos vies, la vie du monde avec ses chemins de souffrance. Mais Jésus est Celui qui également veut semer en nous l’Espérance, Lui qui est le Vivant du matin de Pâques. Amélie Ozanam a livré ce souvenir : « Je ne vis jamais Frédéric s’éveiller ni s’endormir sans prier. Le matin il faisait une lecture de la Bible qu’il méditait environ une demi-heure… Il ne fit jamais rien de grave sans prier. » À la suite de notre « frère aîné », vivons ce Carême enraciné en Dieu afin de mieux vivre notre mission de serviteurs de nos frères et sœurs, en particulier les plus petits. Mais attention : le Carême n’est pas un temps de tristesse, mais de libération confiante en vue de nous unir au Christ glorieux de Pâques. Avec l’apôtre Paul s’adressant aux Galates (1, 1–4 ), méditons le début de la messe du Jeudi Saint : « Nous devons nous glorifier de la croix de Jésus-Christ, en Lui est notre salut, notre vie et notre résurrection ; par Lui nous avons été sauvés et délivrés. »
Jean-Claude Peteytas,
diacre vincentien
