Noël, Dieu parmi les pauvres
Les semaines qui viennent nous conduisent vers la fête de Noël. Pour nous, bénévoles à la Société de Saint-Vincent-de-Paul, cette fête est à la base de notre vie spirituelle, comme cela fut le cas pour saint Vincent de Paul. L’Incarnation de Jésus-Christ est le fondement de la foi de Monsieur Vincent.
L’influence de l’école française
Dans l’histoire de l’Église, après une période de dévotion envahie par la superstition et diverses traditions, des années après le concile de Trente (1545–1563), voici Bérulle et ses disciples. Naît alors ce que l’on appelle l’École française de spiritualité. Celle-ci remet Jésus-Christ, Verbe Incarné, au centre de la prière de l’Église.
Monsieur Vincent, qui a choisi Bérulle comme directeur spirituel (entre 1610 et 1620 environ), entre dans ce mouvement mais avec son charisme, sa personnalité, son expérience.
Bérulle – et l’Oratoire –, plaçant Jésus-Christ au centre de l’univers, avait toute sa spiritualité sur le concept de l’Incarnation, débouchant ainsi sur une « théologie de la contemplation ». Dans le même temps, Vincent, profondément marqué par ses expériences de Folleville et de Châtillon (découvertes de la misère humaine), se tournait au contraire vers une « spiritualité de l’action ». Saint Vincent semble sentir que Bérulle n’a pas été au bout de sa démarche. Alors, et cela est vraiment nouveau, Vincent prend à la lettre les paroles de l’Évangile de saint Matthieu (25,35) : « j’ai eu faim et tu m’as donné à manger… » Et il ira jusqu’au bout de cette logique.
Noël, c’est le Christ envoyé du Père
Pour Vincent, le Christ est l’envoyé et le missionnaire du Père vers les pauvres, celui qui, à la fin de sa vie sur cette terre, transmet aux siens sa mission à continuer, et en priorité aux pauvres qui demeurent au centre de l’Église et du monde.
Pour saint Vincent, le Christ est serviteur, c’est vraiment sa mission. Vincent disait : « Jésus a pris et embrassé nos misères » et il prendra très au sérieux la parole d’Isaïe (61) et Luc (4, 18–21) : « L’esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… ».
Mais, disait Vincent, le Christ, pour travailler comme serviteur de toute l’humanité, était aussi un priant. Alors, comme lui, ses disciples doivent être des priants : « quitter Dieu pour Dieu ». Contemplation et action, c’est un tout.
« Une sœur ira dix fois par jour voir des malades et dix fois par jour elle y trouvera Dieu… » Dans ses écrits, Monsieur Vincent a beaucoup fait le lien entre la prière, l’oraison, l’Eucharistie et le service des plus petits. C’est cela le mystère célébré à Noël, ce mystère de l’Incarnation. Saint Vincent a pris à la lettre le prologue de l’Évangile de saint Jean.
Se revêtir de l’esprit du Christ
Le Verbe Incarné, nous dit saint Vincent de Paul, c’est le Fils de Dieu « venu parmi nous » (Jean 1, 14) et celui-ci qui nous dit : « si vous me cherchez, aujourd’hui, cherchez-moi chez les pauvres ». Pour imiter Jésus-Christ, il faut se revêtir de son Esprit. Vincent nous invite à ne pas cloisonner notre vie : « Faire oraison, quitter la messe et aller servir, c’est tout un ! » Mais Vincent sait aussi la profondeur de la Parole du Christ : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
Fêtez Noël, mais soyez certains que c’est la Présence de Dieu parmi nous. Le mystère de l’Incarnation est la grande originalité du christianisme ! Comme Vincentiens, imitez Jésus-Christ, suivez-Le, faites de Lui le centre de votre vie, faites ce qu’Il a fait, pour que Sa mission soit continuée de génération en génération.
Jean-Claude Peteytas, diacre bénébole à la Société de Saint-Vincent-de-Paul