Que voulez-vous trouver ?

Réflexions …

DE FREDERIC OZANAM …

  • Car la question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous n’est ni une question de personnes , ni une question de formes politiques, c’est une question sociale ; c’est la lutte de ceux qui n’ont rien et de ceux qui ont trop ; … ;notre devoir à nous, Chrétiens , est de nous interposer entre ces ennemis irréconciliables ; … ;que les uns cessent d’exiger et les autres de refuser ; … ; que l’égalité s’opère autant qu’elle est possible parmi les hommes, que la communauté volontaire remplace l’impôt et l’emprunt forcé, que la charité fasse ce que la justice seule ne saurait faire.
  •  La charité nous oblige à aimer tous les hommes ; … ; et en les aimant chrétiennement nous leur donnons ce qui ne leur est pas dû ; … ; la justice au contraire, nous oblige non pas à aimer les hommes mais leurs droits, et donc à donner à chacun et à tous ce qui leur est dû.
  •  Il est malheureusement vrai que beaucoup d’esprits même chrétiens , ont le tort de pousser la passion de la justice jusqu’à l’oubli de la charité et de s’occuper d’affaires et de périls plutôt que d’oeuvres et de sacrifices .la politique ne tient compte que de la justice et comme l’épée qui en est le symbole, elle frappe, elle retranche , elle divise . la charité au contraire tient compte des faiblesses : elle cicatrise, elle réconcilie, elle unit….
  •  La charité est de tous les lieux et de tous les temps ; et cette chose éternelle est en même temps souverainement progressive puisqu’elle a ceci de propre de ne se contenter d’aucun progrès, de ne pas trouver de repos, tant qu’il reste un mal sans remède.
  •  La charité ne doit jamais regarder derrière elle mais toujours devant parce que le nombre de ses bienfaits passés est toujours très petit et que les misères présentes et futures qu’elle doit soulager sont infinies .
  •  L’amour est généreux, il fait entreprendre de grandes choses, il excite toujours à ce qu’il y a de plus parfait ; l’amour aspire à ce qu’il y a de plus élevé et ne se laisse arrêter par rien de terrestre.
  •  L’amour ne trouve rien de pesant ; il compte les travaux pour rien , il entreprend plus qu’il ne peut ; il ne s’excuse jamais sur l’impossibilité parce qu’il se croit tout possible et permis.
  •  Ni dans le ciel ni sur la terre , il n’y a rien de plus doux que l’amour, rien de plus fort, rien de plus haut, rien de plus étendu, rien de plus agréable, rien de plus parfait ni de meilleur, parce que l’amour est né de Dieu et que, dédaignant toutes les créatures, il ne peut trouver de repos qu’en Dieu.
  •  Selon les lois qui régissent le monde spirituel, pour élever une âme, il est besoin d’une autre âme ;cette attraction c’est l’ Amour, qui s’appelle aussi amitié dans le langage de la philosophie et charité dans le langage du Christianisme.
  •  Oui, nous sommes des serviteurs inutiles, mais nous sommes des serviteurs, et le salaire n’est donné qu’à la condition du travail que nous ferons dans la vigne du Seigneur à l’endroit qui nous sera assigné. Oui , la vie est méprisable si nous considérons l’usage que nous en faisons, mais non si nous voyons l’usage que nous pouvons en faire, si nous la considérons comme l’oeuvre la plus parfaite du Créateur ,comme le vêtement sacré dont le Sauveur a voulu se couvrir ; la vie est alors digne de respect et d’amour.
  •  L’incertitude est précisément l’épreuve où Dieu se plaît à nous mettre pour reconnaître notre confiance en Lui. Il a fait la vie incertaine et la mort et même la vertu. Nous voudrions être assurés de nos revenus de l’année prochaine et nous ne le sommes pas du soleil de demain. Nous tenons à pouvoir compter sur la fortune et nous ne pouvons pas nous garantir huit jours de santé. En nous retirant les appuis humains, la Providence nous fait mieux sentir qu’elle se charge de nous . C’est comme une mère qui ôte à son enfant la chaise où il est assis mais c’est pour le prendre dans ses bras.
  •  Je professe que c’est folie de consumer ses jours à accumuler ce dont on ne jouira point, folie même d’entasser pour ses enfants.
  •  Il n’y a vraiment pas de sécurité ici bas et il paraît que dans l’ordre des choses temporelles comme dans l’ordre du Salut, l’état où Dieu veut que nous soyions, c’est l’incertitude, consolée et rendue méritoire par l’ Espérance.
  •  Allons simplement où la miséricordieuse Providence nous conduit
  •  Il semble qu’il faille voir pour aimer et nous ne voyons Dieu que des yeux de la foi et notre foi est si faible ! mais les hommes, mais les pauvres, nous les voyons des yeux de la chair , ils sont là, et nous pouvons mettre le doigt et la main dans leurs plaies et ici l’incrédulité n’a plus de place possible et nous devrions tomber à leurs pieds et leur dire avec l’Apôtre : « tu es dominus et deus meus »,vous êtes nos maîtres et nous serons vos serviteurs, vous êtes pour nous les images sacrées de ce Dieu que nous ne voyons pas et ne sachant pas l’aimer autrement, nous l’aimerons en vos personnes.
  •  La même autorité qui nous annonce qu’il y aura toujours des pauvres parmi nous est aussi celle qui nous ordonne de tout faire pour qu’il n’y en ait plus.
  •  N’oublions pas que les pauvres sont nos anges gardiens par les bonnes pensées qu’ils nous donnent, par les grâces qu’ils nous obtiennent. lorsque notre Seigneur a dit : « il y aura toujours des pauvres parmi vous » , ce n’est pas une malédiction qu’il a léguée à ses disciples mais une parole d’espérance et d’amour. ce sont les pauvres qui nourrissent le riche, ce sont eux qui combattent sur les champs de bataille pour lui conserver son indépendance et ses biens ;c’est à douze pauvres qu’il a été donné de convertir le monde , ce sont les fils des pauvres qui portent aux nations infidèles les lumières de la Foi. Ne nous effrayons donc pas de voir monter chaque jour ce flot de prolétaires qui menace de déborder et d’engloutir la civilisation moderne. si de ces pauvres nous avons fait des chrétiens, ils ne couvriront le monde que pour le régénérer.
  •  L’aumône est la rétribution des services qui n’ont pas de salaire.
  •  Sacrifions les répugnances et les ressentiments pour nous tourner vers cette démocratie , vers le peuple qui ne nous connaît pas . poursuivons le non seulement de nos prédications mais de nos bienfaits. aidons le non seulement de l’aumône qui oblige les hommes mais de nos efforts à l’effet d’obtenir des institutions qui les affranchissent et les rendent meilleurs. passons aux barbares et suivons Pie IX !
  •  « Liberté,Egalité,Fraternité » : c’est l’Evangile même ! !
  •  J’ai envie de rendre grâces à Dieu de m’avoir fait naître dans une de ces positions sur la limite de la gène et de l’aisance, qui habituent aux privations sans laisser absolument ignorer les jouissances, où l’on ne peut s’endormir dans l’assouvissement de tous les désirs, mais où l’on n’est pas non plus distrait par les sollicitations continuelles du besoin. Dieu sait, avec la faiblesse naturelle de mon caractère, quels dangers aurait eus pour moi la mollesse des conditions riches ou l’abjection des classes indigentes. Je sens aussi que cet humble poste me met à portée de mieux servir mes semblables.
  •  Aussi, je voudrais que tous les jeunes gens de tête et de coeur s’unissent pour quelque oeuvre charitable , et qu’il se formât par tout le pays une association généreuse pour le soulagement des classes populaires.
  •  Je voudrais enserrer le monde entier dans un réseau de charité.
  •  Aussi, quand j’ai vu se former notre petite société de charité, je me suis réjoui, espérant que de cet humble noyau sortirait un jour un grand arbre.
  •  Un saint patron n’est pas une enseigne banale pour une société ; ce n’est même pas un nom honorable sous lequel on puisse faire bonne contenance dans le monde religieux ; c’est une vie qu’il faut continuer, un coeur où auquel il faut réchauffer son coeur, une intelligence où l’ on doit rechercher des lumières.
  •  Une seule chose pourrait nous arrêter et nous perdre : ce serait l’altération de notre premier esprit, ce serait le pharisaïsme qui fait sonner la trompette devant lui, ce serait l’estime exclusive de soi-même qui méconnaît la vertu en dehors des rangs de la corporation préférée, ce serait un excès de pratique et de rigueur d’où résulteraient la lassitude et le relâchement, ou bien une philanthropie verbeuse plus empressée de parler que d’agir, ou encore des habitudes bureaucratiques qui entraveraient notre marche en multipliant nos rouages, et ce serait surtout d’oublier l’humble simplicité qui présida d’abord à nos rendez-vous, nous fit aimer l’obscurité sans chercher le secret et nous valut peut-être nos accroissements ultérieurs, car dieu se plaît surtout à bénir ce qui est petit et imperceptible : l’arbre dans la semence, l’homme dans son berceau , et les bonnes oeuvres dans la timidité de leurs débuts.
  •  Nous voyons beaucoup de pauvres, l’argent ne nous manque pas, mais surtout nous nous aimons beaucoup les uns les autres et n’est ce pas là le bonheur : aimer, être aimé, le savoir…
  •  Tâchons de ne pas nous refroidir, mais souvenons nous que dans les choses humaines, il n’y a de succès possible que dans un développement continuel et que c’est tomber que de ne pas marcher.
  •  J’ai connu les doutes du siècle présent mais toute ma vie m’a convaincu qu’il n’y a de repos pour l’esprit et le coeur que dans la Foi de l’ Eglise et sous son autorité.
  •  Il serait plus doux de servir Dieu par le travail, mais s’ Il veut être servi par la souffrance, il faut bien se soumettre. Cependant je suis loin d’en avoir le courage et voilà pourquoi je demande la prière de mes amis.
  •  Si quelque chose me console de quitter la terre avant d’avoir fait ce que j’ai voulu, c’est que je n’ai jamais travaillé pour la louange des hommes mais pour le service de la Vérité.
  •  A mesure que j’ai plus vécu, la Foi m’est devenue plus chère.

===================================