Avec saint Vincent de Paul, agir dans le monde pour aller vers les pauvres
EXTRAIT DU JOURNAL LA PROVENCE
A Salon, les femmes battues auront bientôt un toit supplémentaire
L’association Saint-Vincent de Paul a acheté un appartement pour ce public en difficulté
L’association, qui dispose d’un local au coeur des Canourgues, compte aujourd’hui quarante bénévoles.
C’était un grand jour pour lui. Cette signature était en effet l’aboutissement de deux ans et demi d’efforts, pour Jean-Marie Houin, président de l’antenne locale de l’association Saint-Vincent de Paul. En paraphant l’acte de vente de cet appartement, pour un montant de 100 000€ – 100 000 autres vont être nécessaires pour d’importants travaux – il amplifie l’action de son association. Et rentre surtout dans ce qu’il y a de plus concret concernant l’aide aux femmes battues.
En effet, ce logement est destiné à abriter, pour une durée de trois mois maximum, desfemmes qui ont été maltraitées par leur époux ou compagnon.
Deux d’entre elles, avec leurs enfants, pourront trouver refuge et se reconstruire, à partir d’août ou septembre, dans cet appartement, de type 4. L’adresse doit rester secrète afin de les protéger de la violence de celui qui partageait leur Vie. C’est un des éléments qui a allongé les délais : “Il devait être peu repérable et son coût devait être supportable”, explique Jean-Marie Houin.
C’est en mairie qu’a eu lieu la présentation de cette opération qui a réuni plusieurs partenaires : Saint-Vincent de Paul donc, qui au niveau national a versé 25 000 €, la Fraternité salonaise présidée par Claude Cortési qui va administrer le logement, comme elle en gère déjà trois autres, et la municipalité, qui a participé à hauteur d’une subvention de 20 000 €. Pour le maire, Nicolas Isnard, “cette opération collective honore la Ville dans la solidarité”.
Elle a été l’occasion d’une discussion sur ce sujet douloureux. L’élu a déploré qu’au niveau des chiffres de la délinquance locale, le nombre de plaintes pour deux catégories de délits ait augmenté : “Les cambriolages et les violences intrafamiliales”.
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Et le premier magistrat d’illustrer son propos en parcourant un courrier venant de lui parvenir : “Une femme m’écrit car elle est harcelée par son ex. Le sauvage qui a menacé le concierge de l’école de Bel-Air (avec un fusil, lire notre édition du 8 février), _je connais sa femme et elle avait une demande de logement très urgente en cours. J’ai aussi la lettre d’une femme de 30 ans qui est revenue vivre chez son père et celui-ci la frappe”.
“C’est surtout que la parole se libère, elles osent le dénoncer”, estime Sandra Cortési, éducatrice spécialisée à la Fraternité salonaise et membre de SOS femmes battues. “Mais avant d’aller à la police, elles ont dejàpris beaucoup de coups”, déplore Claude Cortési, rappelant qu’au niveau national, “une femme meurt tous les deuxjours sous les coups de son compagnon”.
Des femmes battues, justement, la Fraternité salonaise en a recensé 70 l’an dernier, dans ses locaux. “Certaines ne sont venues qu ‘une fois. Et il nefaut pas croire qu’elles sont en situation de précarité. Il ne s’agit que de I 2 % des cas. Bien souvent, cela concerne madame tout le monde. Et par ricochet, il faut penser aux enfants. Ils morflent l”, tonne Claude Cortési.
“Cet appartement est donc une pierre de plus dans un édifice qui ne permettra jamais de satisfaire tous les besoins”, a alors résumé Nicolas Isnard. En tout cas, il peut compter sur les bénévoles : “Si nous avons encore des aides, nous ne sommes pas contre l’achat d’autres appartements”, affirme Jean-Marie Houin.
Une détermination dont ne doute pas le maire : “Ce maillage d’associations caritatives est lafierté de Salon”, conclut-il.
40 bénévoles à pied d’œuvre pour Saint-Vincent de Paul
L’association Saint-Vincent de-Paul, au niveau local, c’est plus de 40 bénévoles, 13 550 heures de bénévolat chaque année.
Elle dispose de deux adresses sur Salon : au 91, rue de Bucarest, au cœur des Canourgues où les personnes en difficulté sont reçues sur rendez-vous du lundi au jeudi de 9 h à 11 h 30 et où a lieu l’alphabétisation. C’est aussi le Grenier d’Ozanam, rue Estamaïre, à la Gandonne, où la quarantaine de bénévoles s’active tous les jours, récupère et répare les dons de particuliers (meubles, jouets, livres, vêtements, électroménager, vaisselle qui peuvent être déposés les lundi, mardi, mercredi de 9 à 12 h et de 14 à 17 h ainsi que le vendredi matin). Le but est de les mettre en vente le jeudi (sauf pendant les vacances scolaires), et ce afin de recueillir des fonds qui serviront à financer les actions sociales de l’association. Les meubles et tous les objets de la vie courante, l’association en a d’ailleurs grand besoin, en ce moment. Sa maxime est : “Ce qui peut encombrer les uns peut faire plaisir aux autres”.
Un Grenier d’Ozanam, véritable caverne d’Ali Baba où ont donc lieu les ventes le jeudi toute la journée, mais pas seulement : “Un coin café permet aussi aux bénévoles de repérer les gens en situation de difficulté. Des gens pauvres financièrement, ou seuls et l’isolement est également uneforme de pauvreté”, insiste Jean-Marie Houin.
Un président qui tient à souligner combien il a besoin de bénévoles : pour trier et mettre en place les objets du Grenier, faire de l’alphabétisation, recevoir le public en difiiculte’. Et l’homme de préciser : ”La confrérie a été créée en 1881. Je ne voudrais pas être le dernier président”.
Contact : O4 90 53 67 23 et Grenier : O4 90 53 88 96.
Site internet : wwwsaintvincentdepaul-salon.org
Emmanuelle Elbaz,