Lourdes 2024 Jour #3 Regarder et s'émerveiller

Ce vendredi, les parti­ci­pants aux Rencontres Natio­nales de la Société de Saint-Vincent-de-Paul découvrent les actions menées dans les équipes locales. Entre rires et sourires, ils prennent aussi le temps de se ressour­cer dans le sanc­tuaire. Par vam. Photo Cat Pham et vam.

Rassem­blés pour prier

Debout dans une allée de l’église Sainte-Berna­dette, la jeune femme hoche la tête en rythme et sourit. « Il met l’am­biance ce groupe, ça change des messes chez moi en Moselle. » Comme tous les matins, le groupe Praise propose un temps de louange et anime la célé­bra­tion eucha­ris­tique qui démarre la jour­née. Un moment fort pour les parti­ci­pants qui ont besoin de ce temps spiri­tuel en goûtant à ce mélange à la fois recueilli et joyeux. Aux côtés de la dizaine de prêtres qui concé­lèbrent, un jeune homme de 16 ans, accueilli dans une équipe locale de l’Est de la France, est servant d’au­tel. « Oui, on m’a demandé à la dernière minute s’il pouvait venir, raconte le p. Jean-François Desclaux, c.m., accom­pa­gna­teur spiri­tuel de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Je suis toujours d’ac­cord pour ça, bien sûr ! »  

Rire, sourire et s’émer­veiller ensemble

Juste après, c’est le moment pour la troupe de Joce­lyne de présen­ter la pièce Quiproquo. « Le micro ne marche pas, on n’en­tend rien ! » Devant le public impa­tient, Joce­lyne garde son sourire et assure l’in­ter­mède avant que Fatma, Malcom, Hakima, Nico­las, Pierre et Romain entrent en scène pour une histoire de gâteau et de café. « Un allongé ? Mais pourquoi vous vous allon­gez pour un café ? Et ce gâteau de Lenôtre, il est le vôtre? » Les dialogues volent, les acteurs s’ap­pliquent, le public retient son souffle. Joce­lyne guide sa troupe de comé­diens avec déli­ca­tesse dans une écono­mie de décor. Sourires dans la salle, sourires sur les visages. Nico­las, Pierre et Fatma jubilent sur scène, le public finit par chan­ter en chœur un air de la Compa­gnie Créole pour clore la repré­sen­ta­tion. Joce­lyne s’em­pare du micro pour présen­ter sa troupe : Arc-en-Ciel. « J’es­père que vous vous êtes amusés autant que nous ! » Stan­ding ovation. 

A quelques pas de là, Angela stresse un peu. Dans quelques minutes, elle va parler de son travail devant des milliers de personnes. Enfin, c’est son tour. La jeune femme s’ap­proche du public, accom­pa­gnée de sa famille. Angela, photo­graphe de métier, a du vendre son appa­reil il y a quelques années pour des raisons écono­miques. Elle vient de loin Angela et son histoire a touché l’équipe des béné­voles de Seine-Saint-Denis qui a décidé de lui offrir un boîtier. Avec l’idée de la faire parti­ci­per à l’ap­pel à projets des Rencontres Natio­nales : Angela a photo­gra­phié les béné­voles des équipes locales du dépar­te­ment pour en faire une expo­si­tion. C’est ce qu’elle vient racon­ter, émue aux larmes ce matin, devant 1 700 personnes. « Cela m’a aidé. Les personnes rencon­trées savent tendre la main à l’autre, quel qu’il soit. C’est l’oc­ca­sion de révé­ler la bonne image du 93. » Sa voix se coupe, une béné­vole de son dépar­te­ment prend la parole pour complé­ter : « Angela est touchée par le regard des personnes. Elle dit que dans le regard, il y a tout. »

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Aller à la Grotte

Sa main caresse douce­ment la pierre, ses doigts touchent l’eau qui ruis­sel­le… Les yeux mi clos, elle récite une prière et chemine lente­ment là où Berna­dette vit « Aquero », la dame. Cet après-midi, les parti­ci­pants aux Rencontres Natio­nales ont pu vivre un moment fort lorsqu’on est à Lourdes : passer à la Grotte et médi­ter le chape­let, retrans­mis sur plusieurs radio et télé chré­tiennes françaises. A 15h30, le signal du direct dans les hauts parleurs se fait entendre et les pèle­rins entrent dans une profonde médi­ta­tion. Assis sur les bancs, à genoux ou debout un peu loin, ils prient tandis que d’autres longent en file silen­cieuse la roche noire presque polie par les milliers de mains qui les ont précé­dés. Pour cette occa­sion si spéciale, deux béné­voles ont revê­tues leurs robes chamar­rées. La première arbore saint Vincent de Paul tandis que sa voisine est toute aussi élégante « Tu as vu? C’est la famille vincen­tien­ne* ! » fait-elle remarquer fière­ment à la jour­na­liste qui les mitraille de photos.

*Ensemble des mouve­ments, asso­cia­tions et congré­ga­tions inspi­rées par l’oeuvre de saint Vincent de Paul, dont fait partie la Société de Saint-Vincent-de-Paul.

A quelques mètres de là, d’autres se sont lancés dans un chemin de croix sur la prai­rie. Sac à dos bleu sur l’épaule, ils portent un poids, une charge, une ques­tion et cheminent le temps des stations pour accom­pa­gner le Christ jusqu’à la résur­rec­tion. Là encore, les pèle­rins sont recueillis, conscients de la charge du lieu : c’est le chemin de croix du sanc­tuaire et peu importe qu’il s’agisse de celui de la prai­rie, réputé moins ardu que l’autre dans la montagne, il reste le chemin qui mène au Golgo­tha.

Ne bougez plus… Souriez ! C’est dans la boîte !

Le rendez-vous était fixé à 16h15, ils ne voulaient pas le rater : la photo de groupe ! Comme les évêques de France, les parti­ci­pants ont posé fière­ment devant la basi­lique Notre-Dame-du-Rosaire. Les sala­riés du CNF orga­nisent un peu les choses « Les petits devants. Non Madame pas vous, c’est la Société de Saint-Vincent-de-Paul. » Quelques retar­da­taires se font attendre, les parti­ci­pants entonnent un Ave Maria pour patien­ter. « Vite Madame, allez-y, vous ne serez pas sur la photo ! » La dame court, se dépêche de s’as­soir. Le photo­graphe sort le boîtier d’une antique char­rette bleue : « On ne bouge plus, souriez… C’est dans la boîte! » 

 

Au bar, le berger écoute ses brebis

Nouveaux temps de partage avant le dîner. Aujour­d’hui, les parti­ci­pants connaissent à la fois le berger et la salle où se déroule le temps de discus­sion. Ici on attend patiem­ment qu’un groupe de pèle­rins libère les lieux, là, le trou­peau a carré­ment choisi de s’ins­tal­ler dehors pour profi­ter du soleil et de la douceur de l’air. Munis de leurs petits carnets de route, tous lisent les textes propo­sés avant de prendre la parole et de s’écou­ter tour à tour. Les plus studieux prennent des notes, les autres ferment les yeux pour s’im­pré­gner des mots échan­gés.

Avec 1 700 personnes, l’équipe orga­ni­sa­trice a dû trou­ver une bonne centaine de salles dispo­nibles dans tout le sanc­tuaire. Pas facile quand, dans le même temps, les aumô­niers de prison et les élus sont en pèle­ri­nage natio­nal -chacun de leur côté évidem­ment- sans comp­ter tous les groupes étran­gers, de la Corée du Sud aux États-Unis. Les places sont chères… Certains bergers ont donc rendez-vous avec leurs brebis au… bar de l’hô­tel. « Je ne connais­sais pas les personnes de mon groupe, témoigne un de ces bergers, plus habi­tué aux austères salles de réunions en tout genre. Nous avons de très bons échanges, très inté­res­sants. Les brebis parlent, j’écoute. Cela se passe très bien. »

Porter Marie, « un honneur ! »

Ils sont huit : quatre hommes, quatre femmes. Ce soir, après le dîner, ils ont une place spéciale dans la proces­sion aux flam­beaux. C’est à eux que revient la charge de porter la statue de la vierge et les torches qui l’en­tourent. Quelques minutes avant le départ, ils sont brie­fés dans une petite chapelle de la basi­lique. « Le liquide des flam­beaux n’est pas du pétrole, vous ne crai­gnez rien. Quand je dis 'on swit­ch’ vous chan­gez de poste. » 

Atten­tif, Gaëtan arrive d’Or­léans. Il regarde la statue de la vierge enchâs­sée dans une boite retro-éclai­rée. « Je suis déjà venu à Lourdes, confie-t-il. Mais là… c’est la première fois que je porte Marie ! C’est un honneur pour moi, un tel honneur ! » Pendant une heure, ils vont marcher au milieu des 1 500 pèle­rins du soir, porteurs d’au­tant de flam­beaux. En tête de cortège, Serge Castillon, président natio­nal de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, tient la croix lumi­neuse de la proces­sion. Ce soir, il est un pèle­rin parmi les autres, Vincen­tien [membre de l’as­so­cia­tion] au milieu de ses confrères. Demain, le président partira à nouveau à la rencontre des béné­voles et des personnes accom­pa­gnées. Solli­cité ici pour une photo, là pour une ques­tion. « Ma frus­tra­tion, c’est que je n’ar­rive pas à rencon­trer tout le monde ! »

Lire Lourdes Jour #4 Chan­ter et jouer pour (se) révé­ler

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Le vlog d’Agathe Rodrigues