Réinsertion : à Paris, un toit pour dormir, une maison pour revivre

Ouverte en mars dernier à Paris, la Résidence Ozanam accueillera, dans quelques mois, des familles en difficulté et accompagnées par les bénévoles du Conseil départemental de Paris. Entre-temps, des femmes sans abri sont logées dans l’immeuble, grâce à un partenariat avec La Mie de Pain. Par Valérie-Anne Maitre, rédactrice en chef.
Accueillir des personnes précaires
« Ici, c’est plus que de l’abri. La Mie de Pain sauve de la mort. » Assise à côté de Bernadette*, le jour de l’inauguration des lieux, Clarisse* se réjouit d’avoir trouvé un toit. Depuis mi-février, elle habite à la Résidence Ozanam, un immeuble du 13e arrondissement de Paris. Les locaux, sur quatre étages, ont été acquis par le Conseil départemental (CD) de la Société de Saint-Vincent- de-Paul de Paris avec l’aide du Conseil national de France (CNF). Dans quelques mois ils accueilleront des familles précaires réparties dans cinq appartements. « En attendant les travaux de rénovation, on a proposé les lieux à La Mie de Pain. Il était inenvisageable de laisser l’immeuble vide », insiste Alain Carton, président du CD.

Deux associations pour un lieu
Une belle opportunité pour la présidente de La Mie de Pain, association historiquement liée à la Société de Saint-Vincent-de-Paul (lire encadré). « En quatre mois, on arrive à sortir quatre femmes de la rue, indique Florence Gérard. Or, dans cet immeuble, nous pouvons en accueillir 37 ! » Très jeunes ou plus âgées, arrivées parfois de très loin, ces femmes en grande difficulté trouvent là bien plus qu’un lit : une chaleur humaine. « Des ateliers sont organisés dans la grande salle commune, l’autre jour on a fait du mandala », relate Clarisse. Le week-end, pour maintenir les activités, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul viennent aussi rencontrer les accueillies. Parmi eux, les jeunes de la Conférence voisine comme Séverine qui a déjà prévu de passer, en plus de son activité de maraude.
Toute cette mobilisation satisfait le maire du 13e arrondissement. Présent à l’inauguration, Jérôme Coumet se félicite de voir des personnes à la rue trouver un toit. « Ce qui est intéressant [avec cette Résidence Ozanam], c’est l’accompagnement des personnes. Le collectif est important, c’est comme ça qu’on réussit, quand on se serre la main. » Ça tombe bien, la Société de Saint- Vincent-de-Paul et La Mie de Pain sont main dans la main depuis la fin du XIXesiècle.
*prénoms modifiés
Paulin Enfert
Catholique engagé dans son quartier, le 13e arrondissement, Paulin Enfert (1853-1922) – par ailleurs Vincentien – est à l’origine de plusieurs mouvements de charité. Le plus connu, La Mie de Pain (fondée en 1891), poursuit encore ses activités aujourd’hui. Son action, de l’urgence à l’insertion, permet d’accompagner les personnes fragiles dans la durée.