«Participer au Jubilé c'est témoigner de la réalité des pauvres dans le monde»

Juan Manuel Bergo Gomez

Juan Manuel Buergo Gómez, président international

À l’oc­ca­sion du Jubilé des pauvres, à Rome en novembre 2025, Juan Manuel Gomez, le président inter­na­tio­nal de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, a répondu à nos ques­tions.

– Pourquoi la parti­ci­pa­tion de la Société de Saint-Vincent-de-Paul est-elle impor­tante à ce Jubilé ? 

La présence de la Société de Saint-Vincent-de-Paul pendant ce Jubilé des pauvres est impor­tante pour plusieurs raisons, notam­ment pour nous réaf­fir­mer dans le charisme vincen­tien, dont le meilleur inter­prète pour les laïcs fut notre prin­ci­pal fonda­teur Frédé­ric Ozanam, précur­seur de la doctrine sociale de l’Église.

C’est pourquoi, en tant que membres laïcs de l’Al­liance Famvin pour les personnes sans domi­cile, nous parti­ci­pons au Pèle­ri­nage du Jubilé de l’Es­pé­rance, pour lequel huit familles, béné­fi­ciaires du projet Jubilé des 13 maisons, sont à Rome pour parti­ci­per à la Jour­née mondiale des pauvres dans le cadre du Jubilé de l’Es­pé­rance.

Le Saint-Père Léon XIV nous a confirmé sa présence lors de la céré­mo­nie symbo­lique de remise des 13 clés. La campagne « 13 maisons », promue par la Famvin Home­less Alliance depuis sa créa­tion il y a sept ans, a béné­fi­cié à plus de 10 800 personnes et a permis de four­nir plus de 2 700 maisons.

Une autre raison impor­tante est que la Société de Saint-Vincent-de-Paul, en raison de sa mission et de son expé­rience concrète au service des personnes dans le besoin, souhaite donner la parole aux pauvres. C’est pourquoi elle est ici, à Rome, pour témoi­gner de la réalité des pauvres dans le monde. Notre présence permet de faire entendre leur voix, de parta­ger leurs histoires et de rendre visibles les inéga­li­tés qui persistent, car nous agis­sons auprès de ceux qui souffrent, nous ne sommes pas des admi­nis­tra­teurs de la charité, nous ne nous limi­tons pas à l’aide maté­rielle, mais nous appor­tons l’aide la plus impor­tante, l’aide spiri­tuelle.

Enfin, parti­ci­per à ce Jubilé nous offre, à nous Vincen­tiens, l’oc­ca­sion de renfor­cer notre enga­ge­ment évan­gé­lique, de réaf­fir­mer notre voca­tion de service et de comprendre pourquoi nous le faisons, c’est-à-dire pour le sens spiri­tuel de notre dévoue­ment, car en amélio­rant la vie de ceux qui nous entourent, nous nous amélio­rons nous-mêmes.

– Vous avez rencon­tré les jeunes il y a quelques mois, à Rome déjà, quel message souhai­tez-vous adres­ser aux béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul France? 

Je remer­cie les jeunes Français d’avoir parti­cipé à nos jour­nées vincen­tiennes à la fin du mois de juillet dernier. Je leur ai exprimé ma profonde grati­tude au nom du Conseil géné­ral pour leur enga­ge­ment vincen­tien, leur dévoue­ment et leur cœur toujours prêt à servir sans relâche. Nous concluons que notre but ultime est l’évan­gé­li­sa­tion, qui est ce qui nous éloigne de la sécu­la­ri­sa­tion.

La Société de Saint-Vincent-de-Paul est née à Paris de l’ami­tié entre quelques jeunes, puis la charité est appa­rue. C’est pourquoi nous ne pouvons oublier que nous sommes un groupe d’amis, une seule Confé­rence qui se déplace à travers le monde, notre deuxième réseau de charité s’étend entre nous. La charité, selon les mots de Frédé­ric, consiste à « trai­ter les personnes dans le besoin comme des égaux afin de renfor­cer l’en­ga­ge­ment social et de trans­for­mer toute la société ». C’est la tâche à laquelle j’en­cou­rage les jeunes, à contri­buer à la défense de la justice sociale et à construire un monde meilleur.

Nous allons lancer un programme d’échange inter­na­tio­nal pour les jeunes vincen­tiens, afin qu’ils découvrent les acti­vi­tés d’autres pays et se renforcent dans leur mission vincen­tienne.

Propos recueillis par Valé­rie-Anne Maitre, rédac­trice en chef

 

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