Paris : neuf mois de solidarité à la Résidence Ozanam
À Paris, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul ont accompagné les femmes hébergées par la Mie de Pain dans la résidence Ozanam durant quelques mois. À l’heure du bilan, l’équipe partage ses souvenirs et ses impressions.
Dans quelques mois, la résidence Ozanam à Paris, accueillera des familles en difficulté. En attendant les travaux de rénovation des lieux, la Société de Saint-Vincent-de-Paul Paris a proposé à l’association la Mie de Pain d’héberger des femmes en grande précarité. Durant neuf mois entre février et octobre 2025, les bénévoles se sont relayés pour animer les lieux et accompagner les femmes.
Les débuts de l’aventure
L’aventure de la Résidence Ozanam a commencé le 15 février 2025 avec l’arrivée des premières femmes accompagnées par la Mie de Pain. Grâce à l’engagement de tous au sein de la paroisse Notre-Dame-de-la-Gare et sous l’inspiration de l’Esprit Saint, des bénévoles se sont proposés pour animer des ateliers hebdomadaires : cuisine, couture, peinture, jardinage, musique, goûters….
Ainsi, fin février, les résidentes ont participé à un atelier fleurs pour réaliser leur propre bouquet sur le thème de la rencontre. Fières de leurs productions elles ont immortalisé l’instant en photo et partagé les clichés avec leurs parents et amis. Ce premier atelier a permis de faire connaissance et de tisser les premiers liens.

Rencontrer le monde
Pour briser la glace, une mappemonde a été exposée dans la salle et chacune a collé une gommette sur son pays d’origine : Antilles, Japon, pays d’Afrique, Europe ou encore pays du Maghreb. Ces rencontres hebdomadaires ont été l’occasion pour elles de sortir de leur chambre, de prendre un temps pour elles en apprenant de nouvelles choses. Félicité, Alphonsine, Toyota et bien d’autres étaient toujours très touchantes et d’une grande intensité.
Les résidentes ont aimé particulièrement l’atelier coloriage de mandala. N’ayant pas de télévision, elles ont fait part de l’ennui ressenti en fin de journée. Une fresque a été mise à leur disposition, elles se sont retrouvées autour de cette création commune et montrée fièrement à l’équipe chaque semaine. Au cours de l’atelier dessin, Laurentina, du Sénégal, a aussi souhaité rendre hommage en réalisant le portrait de saint Vincent de Paul par le dessin.
Lors de l’atelier jeux de société, certaines personnalités se sont découvertes. Le jeu de Uno a connu un réel succès. Félicité, une résidente limitée dans ses déplacements, proche de la soixantaine et originaire de Kinshasa, s’est révélée par son autorité et son sens de l’organisation, refaisant les règles à son avantage. Sans oublier de donner des astuces à Alphonsine quand elle se retrouvait en difficulté.
Passer du temps avec ses femmes a été très agréable pour les bénévoles. « On ressentait cet amour que Dieu nous a donné. » témoigne Béata. Face aux besoins et aux demandes des résidentes, l’équipe s’est adaptée. Ainsi, Catherine a-t-elle un jour emmené Toyota découvrir la médiathèque, l’occasion de voir où se trouvent les livres pour améliorer son français.

Se retrouver au jardin…
Un atelier jardinage a été organisé pour mettre en valeur la petite cour de la résidence. Après avoir récupéré quelques bacs à fleurs et réalisé un petit tour dans une jardinerie, les résidentes ont participé aux plantations et profité d’un réel moment de détente pour planter les œillets d’Inde, marguerites, campanules et lavande. Le défi a ensuite consisté à faire durer l’atelier… en rappelant les besoins d’arrosage et d’entretien !
Au cours de l’été, une sortie a été proposée à Dourdan, près de Chartres, pour profiter d’un déjeuner au jardin et d’un après-midi au soleil. La journée s’est terminée avec la messe dans la paroisse. La joie partagée ce jour-là a donné envie à l’équipe d’organiser d’autres sorties les weekends suivants, nen particulier dans le parc Montsouris.
Enfin, une dizaine de résidentes a aussi eu l’occasion de visiter Notre-Dame de Paris. Ensemble, elles ont admiré et de commenté les peintures, les vitraux et les statues de la cathédrale.Ces rencontres ont été un vrai bonheur. « Nous tissions du lien et peu à peu les tensions s’apaisaient laissant place à la détente, un visage lumineux, habillé d’un magnifique sourire. » témoigne Christelle, bénévole à la résidence.

Danser et cuisiner pour se ressourcer
L’un des ateliers a été consacré à la danse. Au début, les femmes n’étaient pas très à l’aise. La séance a débuté par de la relaxation et de petits échauffements. Au fil des séances, le déroulé a été adapté pour être plus libre et interactif.
C’est ainsi que Safiatou et Amandine, deux résidentes de Côte d’Ivoire, ont tenté d’apprendre aux autres une danse en mouvements d’épaules et avec un fort déhanché ! Ces moments étaient très forts, elles avaient réussi à baisser leurs barrières, à offrir une part d’elle-même, se sentant en sécurité. Et quel plaisir de « faire quelque chose ensemble » !Les résidentes ont été souvent nombreuses à participer à cet atelier. De la charlotte aux fraises à une quiche en passant par la mousse au chocolat, tout était excuse pour se retrouver autour du fourneau !
Pour se dire au revoir, l’équipe a organisé un dîner partagé à la maison paroissiale. Les résidentes étaient chargées du dessert. La soirée fut riche en émotion, en échanges, en embrassades et en « au revoir ». Difficile de se quitter après avoir partagé tant de moments forts ensemble.
Le témoignage de Jasmine
Jasmine, la cinquantaine, vivait dehors et dormait dans un parking. L’équipe de la maraude du quartier l’a souvent rencontrée lors sa tournée le mercredi soir. En mars dernier, Vanessa lui a parlé de la Résidence Ozanam et de la Mie de Pain. Après quelques hésitations, elle a fini par rejoindre la résidence. Un soutien régulier par téléphone a été nécessaire pour lui permettre de s’adapter aux lieux et à l’équipe.
« Les débuts n’ont pas été faciles, c’était dur avec les autres femmes mais je me suis calmée. J’ai réappris à vivre avec les autres. Tout cela, c’est grâce à vous ! Je me rappelle encore duvet que vous m’avez donné, je vous suis reconnaissante à jamais. (…) Je vais aller dans une maison de famille, c’est merveilleux, je ne croyais pas que ça pourrait m’arriver ! »
Le témoigne de Mouna
Hébergée pendant trois mois à la résidence avec sa fille, Mouna, originaire du Sénégal, est pleine de gratitude face à l’aide apportée.
« C’est très bien pour nous, vous nous faites du bien au moral, parce que nous avons vécu plein de choses depuis que nous sommes arrivés ici. Les activités (ateliers créatifs, cuisine…) nous font du bien. Moi, je suis gourmande, j’aime bien les gâteaux, les crêpes, vraiment c’est bien. Il faut continuer d’aider, sinon les sans-abri vont mourir dans la rue. Pour moi, avec ma fille, si vous n’aviez pas été là, nous serions mortes, c’est la vérité. Depuis deux mois, nous sommes ici et nous pouvons dormir. Merci beaucoup, à vous tous, l’association de Paris. Surtout à ce Monsieur [elle montre le portrait de saint Vincent de Paul] c’est ce Monsieur qui a créé tout. C’est Vincent de Paul ! »