Communiquer : un cercle vertueux

Déployer des moyens pour assurer la visibilité d’une association n’est pas une évidence pour des bénévoles qui n’ont pas d’expertise en la matière. Il est pourtant essentiel de se faire connaître pour assurer la bonne marche de la structure, et donc pour se mettre au service des plus démunis. Enquête et témoignages de terrain.

À Strasbourg, Anne Vetter répond au reporter de la radio RCF en décembre dernier.

Des chèques, des nouveaux béné­voles, des paires de chaus­su­res… et même des pots de miel ! À chaque fois que des articles sortent dans la presse ou que l’un de ses posts fait le buzz sur les réseaux sociaux au sujet de l’équipe locale (Confé­rence) Saint-Vincent de-Paul de Niort (Deux-Sèvres), qu’elle préside, Gene­viève Vilain-Lepage en constate immé­dia­te­ment les retom­bées. « Et quand l’api­cul­teur nous a apporté des pots de sa produc­tion, nous lui avons proposé de faire une présen­ta­tion au Café Sourire, ce qui a donné lieu à un nouvel article !  » se féli­cite-t-elle. Pour cette ancienne profes­sion­nelle de la commu­ni­ca­tion, se faire connaître par tous les moyens possibles est un cercle vertueux : « On ne le fait pas pour se mettre en avant, mais pour pouvoir fonc­tion­ner correc­te­ment !  », estime-t-elle, assu­rant que « la commu­ni­ca­tion n’est pas un gros mot ! » 

Être connu pour être reconnu

De fait, contac­ter les médias ou poster des vidéos sur Insta­gram peut deman­der un effort, quand on s’est engagé dans une asso­cia­tion pour être au contact des plus fragiles plutôt que des jour­na­listes, qu’on est peu fami­lier des réseaux sociaux, ou encore que, en tant que chré­tien, on est embar­rassé de se mettre en avant. Pour­tant, « être connu et reconnu, pour une asso­cia­tion, c’est le moyen pour que les personnes viennent à vous », abonde Pascale Dymowski, direc­trice de la commu­ni­ca­tion de l’as­so­cia­tion Entou­rage. Créé en 2014, ce réseau de lutte contre l’ex­clu­sion sociale s’est récem­ment rendu très visible en appa­rais­sant, grâce à un mécène, sur la voile du skip­per Thomas Ruyant, lors du dernier Vendée Globe : « Nous travaillons pour être iden­ti­fiés comme un acteur réfé­rent dans notre secteur, explique-t-elle. Au-delà de la noto­riété, il en va aussi de la confiance que nous pouvons inspi­rer. Qui donne­rait à une asso­cia­tion dont il ne connaît rien ?  » Elle le sait, sa jeune asso­cia­tion ne pour­rait pas envoyer des volon­taires quêter avec des troncs dans la rue comme le fait la Croix-Rouge, plus connue. Voilà pourquoi, « avant toute campagne de dons, nous orga­ni­sons une campagne de noto­riété  », explique-t-elle.

Si les asso­cia­tions ont toutes un service commu­ni­ca­tion natio­nal, chargé de faire connaître leur cause et leur iden­tité à grande échelle, elles savent qu’elles ne peuvent se passer de relais sur le terrain : « On voit bien que le contact local est impor­tant », affirme Méryl Le Breton, atta­chée de presse à la Fonda­tion des Petits Frères des Pauvres, qui compte un chargé de commu­ni­ca­tion dans chacune de ses régions, et s’ap­puie sur un réseau de volon­taires prêts à témoi­gner. « Nous encou­ra­geons nos béné­voles à entre­te­nir les contacts avec les jour­na­listes et à racon­ter ce qu’ils vivent : les 100 ans d’un béné­fi­ciaire de notre asso­cia­tion ou le lance­ment d’une acti­vité tricot. Ces événe­ments inté­ressent les médias locaux et nous font connaître !  » Parfois, l’in­for­ma­tion fait boule de neige, comme le jour où Libé­ra­tion s’est rendu en repor­tage au café des seniors lancé par les Petits Frères des Pauvres dans la commune rurale de Prémery (Nièvre) après avoir décou­vert son exis­tence dans la presse régio­nale, donnant ainsi un fort écho à l’as­so­cia­tion.

Fort-de-France (Martinique) une équipe de télé locale vient filmer la campagne nationale.
Fort-de-France (Martinique) une équipe de télé locale vient filmer la campagne nationale.

Qui donnerait à une association dont il ne connaît rien ?

Anne-Christine Baclesse (CD 41) présente l'association dans un collège.

S’ap­puyer sur les médias…

« Les médias locaux sont encore très lus, renché­rit Manuel Rémond, président du Conseil dépar­te­men­tal d’Ille-et-Vilaine, d’au­tant que les articles impri­més sont souvent repris sur les sites comme actu.fr ou maville.com. » Celui-ci soigne ses rela­tions avec les jour­na­listes de son terri­toire, ceux du diocèse au quoti­dien Ouest France ou à la radio Ici Armo­rique (ex-France Bleu) en les invi­tant à chaque événe­ment et en leur envoyant ses vœux chaque année : « Cela demande un certain temps, mais c’est un travail qui paye, bien que pas forcé­ment à l’ins­tant T, et dont les résul­tats sont incon­tes­tables en termes de dons, de béné­voles, mais aussi de béné­fi­ciaires qui n’au­raient pas entendu parler de nous autre­ment. » Il s’est forgé peu à peu une bonne connais­sance du fonc­tion­ne­ment des médias : « Les sachant très solli­ci­tés, je préfère leur envoyer un mail, sans oublier d’y lais­ser mon télé­phone. Je fais toujours une présen­ta­tion brève de mon sujet, mais pas trop non plus, parce qu’elle sera parfois reprise telle quelle. Et j’évite les périodes trop char­gées en actua­lité comme les mois de mai/juin, mais aussi le mois d’août, qui touchera moins de monde…  »
 

…et les étudiants

Derniè­re­ment, Manuel a aussi accen­tué sa présence sur les réseaux sociaux, en relayant les publi­ca­tions de la presse sur les actua­li­tés de son secteur et en appre­nant à faire des « stories » et des « reels » grâce à des jeunes de l’IUT de Rennes. Car les alter­nants ou les stagiaires en commu­ni­ca­tion peuvent appor­ter aux asso­cia­tions une aide précieuse, souligne Gene­viève Vilain-Lepage. Celle-ci fait souvent appel à des stagiaires de l’Uni­ver­sité Catho­lique de l’Ouest, qui a une antenne à Niort : « Ils peuvent nous aider à prépa­rer un événe­ment, à créer des flyers ou des commu­niqués », explique-t-elle, préci­sant qu’elle demande toujours une vali­da­tion à la direc­tion du Conseil natio­nal de France (CNF). Il est impor­tant d’être très clair sur les besoins de l’équipe et les missions que l’on souhaite confier. Avant toute chose, la respon­sable fait décou­vrir à ces jeunes toutes les facettes de l’as­so­cia­tion, les faisant parti­ci­per à une maraude ou à une distri­bu­tion alimen­taire : « En géné­ral, ils appré­cient beau­coup et sont sensibles au fait d’agir pour une asso­cia­tion cari­ta­tive. » Si personne dans la Confé­rence n’a de compé­tences en commu­ni­ca­tion, Gene­viève Vilain-Lepage recom­mande de recru­ter des étudiants en 2e ou 3e année. Pour les régions éloi­gnées d’une univer­sité, il est possible de prendre contact avec l’EFAP, l’École des nouveaux métiers de la commu­ni­ca­tion, pour propo­ser un stage à l’un de ses étudiants.

« Les jeunes sont l’ave­nir du béné­vo­lat », conti­nue cette convain­cue de la commu­ni­ca­tion. C’est pourquoi, comme Manuel Rémond à Rennes, elle et son équipe se rendent aussi dans les écoles. Tous deux en ont fait l’ex­pé­rience : témoi­gner auprès des jeunes publics se révèle une expé­rience riche et facile à mettre en œuvre, grâce aux outils four­nis par l’équipe natio­nale. Forts de ces contacts, il n’est pas rare que les établis­se­ments proposent à leurs élèves d’ai­der la Société de Saint-Vincent-de-Paul par une collecte, à l’oc­ca­sion du Carême ou pendant l’Avent. Des élèves qui se font ensuite les ambas­sa­deurs de la cause de l’as­so­cia­tion. Gene­viève comme Manuel en témoignent : ils ont vu un jour des parents se présen­ter spon­ta­né­ment pour propo­ser leur aide, émus par le message que leur avaient rapporté leurs enfants.

Les bénévoles de Dijon, mobilisés lors de la tournée de la comédie musicale Bernadette.

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