« Dire et écrire : Par ceux qui n’ont plus rien que leurs mots »

« Dire et écrire : Par ceux qui n’ont plus rien que leurs mots »

C’est le titre d’un beau livre qui vient tout juste d’être publié par la SSVP de l’Es­sonne. Mais cela a d’abord été le titre d’un atelier d’ex­pres­sion proposé durant l’an­née 2015 aux personnes en situa­tion de préca­rité à l’ac­cueil de jour d’Athis-Mons (91). Quinze d’entre elles y ont parti­cipé. Ce recueil, de petit format et couver­ture dure, est tel que ces femmes et hommes habi­tant dans la rue le souhai­taient : solide, pour qu’ils puissent l’avoir toujours sur eux, dans leur sac sans qu’il ne s’abîme.  

Comme le confie Fran­cis Vasse, président de la SSVP de l’Es­sonne (91) : «  À travers leurs écrits, leurs récits, appa­raît une richesse qui ne se retrou­vera jamais à l’ac­tif d’un bilan comp­table, mais qui contri­bue à nous enri­chir. En feuille­tant ce livre, vous trou­ve­rez peut-être ce que saint Vincent de Paul avait décou­vert lorsqu’il s’oc­cu­pait des exclus : chaque membre de la famille humaine porte en lui une richesse ; c’est une parcelle de cette dernière que ce recueil essaie de mettre en lumière. »

Ce livre, c’est la Démarche Frater­nité en actes, qui n’est rien d’autre que la mise en œuvre du deuxième volet du projet asso­cia­tif Ozanam : vivre un compa­gnon­nage avec les plus fragiles où l’on fait des choses – personnes rencon­trées et Vincen­tiens – ensemble. C’est vivre ce qu’ex­pliquait saint Vincent de Paul : nour­rir les corps mais tout autant les âmes. Ainsi, comme le raconte l’équipe qui a soutenu le projet : « Il se dégage de cette aven­ture des estimes de soi, des talents, des richesses, des doutes, des révoltes, des espoirs, des bien­veillances et des éner­gies commu­ni­ca­tives, dont nous sommes heureux de vous présen­ter les traces. »

Bruno : « Monsieur le passant »

Bruno : « Monsieur le passant »
Ce tren­te­naire a connu la rue dès ses 15 ans, après avoir perdu ses deux parents. Aujour­d’hui, ce livre lui permet de racon­ter à son fils de 10 ans son passé et de lui montrer que l’on peut sortir de la rue si l’on ne baisse jamais les bras. Extrait de son texte La Soli­tude :

« Car l’ou­trage de nos jours
Ce sont l’ab­sence de mots
Et des regards crus et durs

Pas la moindre trace de chagrin
Pas la moindre de compas­sion
Pas d’égard
Pas de solu­tion

Diffi­cile de feindre les senti­ments intran­si­geants
De Monsieur le passant
Dans un va-et-vient oppres­sant
Si simple d’ai­mer l’hu­ma­nité
Compliqué c’est d’ai­mer celui qui est à côté »

 

 

 

 

Karim : « Ma vie, c’est savoir où je vais dormir »

Karim : « Ma vie, c’est savoir où je vais dormir »
« Je suis parti en Austra­lie pour la coupe du monde de foot­ball des sans-abri […] Mais à mon retour, ma vie d’avant a repris son cours. On m’a rien proposé, aucune aide. La rue n’est pas une obli­ga­tion. J’ai des défauts, mais cela n’ex­plique pas tout. Incons­ciem­ment, je bloque peut-être sur le loge­ment. »

S’il parti­cipe à ce projet d’écri­ture, c’est d’ailleurs pour faire le bilan. « Parfois, on n’a pas envie de parler, et quand on commence, on n’ar­rive plus à s’ar­rê­ter… »