La force du lien, sur tous les terrains
« Nous considérons les personnes dans toutes leurs dimensions »
L'association Aux Captifs, la libération, dirigée par Thierry Desjuzeur, compte dix antennes à Paris et cinq en région.

Quelle est votre activité principale ?
Nous réalisons des maraudes non distributives au cours desquelles nous partageons du temps et créons des liens de confiance avec des personnes à la rue ou en prostitution grâce à notre fidélité : les mêmes binômes rencontrent les mêmes personnes chaque semaine.
Le lien que vous créez est-il un prérequis pour aller plus loin ?
Absolument. Ce lien est un appui qui permet aux personnes rencontrées de reprendre conscience de leur dignité, de retrouver confiance en elles et, pour certaines, d’exprimer un désir de changement. Compte tenu de ce qu’elles ont vécu, il faut du temps. La fidélité est essentielle.
Comment faire durer les liens
sur le long terme ?
Nous considérons les personnes dans toutes leurs dimensions. Nous échangeons à égalité, de façon désintéressée, ce qui se fait rare sur les lieux de prostitution. Nos binômes sont mixtes pour des raisons de sécurité, mais aussi pour permettre, justement, qu’un homme porte sur elles un regard ajusté. Nous proposons aussi des sorties culturelles, activités sportives, séjours… ainsi qu’un accompagnement spirituel pour ceux qui le souhaitent.
Comment est-ce qu’on peut adapter cet accompagnement spirituel ?
Dans chaque antenne, le temps de prière est préparé avec les personnes rencontrées. Il est adapté à leurs attentes : partage sur un thème, démarche, intention…
Êtes-vous en relation avec d’autres acteurs ?
Oui, c’est indispensable. Chaque antenne est ancrée dans une paroisse et se compose du curé, de paroissiens, de bénévoles et de travailleurs sociaux. Nous échangeons avec les mairies, les hôpitaux et d’autres associations, dans le but de mieux accompagner les personnes en précarité.
Quelle richesse recevez-vous de ces personnes ?
Elles offrent un regard unique sur l’Évangile. Par exemple, lors d’un partage sur la guérison des aveugles à Jéricho (Mc 10, 46–52), un participant de la rue a expliqué que le vrai miracle n’était pas, pour les aveugles, d’avoir recouvré la vue, mais que Jésus ait converti la foule qui, les ayant d’abord rejetés, les a menés jusqu’à Lui. Ça ne s’invente pas !
