OZANAM, la Halte de Brest, Saint Vincent De Paul

Après un été dense où, grâce à toute notre équipe, nous avons
pu faire face, l’automne arrive avec un nouvel accroissement
sensible de la fréquentation (des samedis avec 240 accueils !).
Nous avons choisi dans ce numéro de faire un zoom sur les migrants, le dénuement de plusieurs d’entre eux nous touche particulièrement.
Nombre de nouvelles personnes en situation de fragilité franchissent notre porte.
Or nos locaux ne permettront pas de faire face à un tel afflux, motivé souvent par le dépannage alimentaire, au détriment de l’accueil proprement dit, notre principale vocation.
Une réflexion s’impose, à notre niveau et au niveau des acteurs sociaux brestois.
D’autre part, en projet ou déjà bien rodées, plusieurs actions sont au programme de cette rentrée :
- l’accueil des jeunes CAP agents polyvalents de restauration dans l’équipe de cuisine du vendredi,
- les séances de conversation,
- nos ateliers d’entretien des locaux et
- notre accompagnement de semaine…
Autant de moments permettant de valoriser les participants et de mieux s’apprécier mutuellement.
Rémy
Sur le mur de La Halte, la carte du monde nous est bien utile pour situer d’où viennent, seuls ou en famille, ceux qui arrivent à La
Halte depuis huit ans environ, lourds d’un passé de misère ou de persécutions mafieuses ou domestiques.
Beaucoup sont originaires des Balkans et fuient la corruption généralisée, les dettes de sang ou la maltraitance machiste ; les individuels proviennent plutôt d’Afrique subsaharienne ou
du Moyen-Orient.
Actuellement, nous accueillons par semaine près de 150 migrants, dont une dizaine d’enfants et une vingtaine de jeunes mineurs isolés accompagnés par l’Action Sociale de l’Enfance.
Bien qu’ayant tout quitté derrière eux, ils arrivent pleins d’espoir, souvent par le biais de passeurs ou après une véritable odyssée
dans le désert et la Méditerranée.
Leur parcours du combattant n’est pas pour autant terminé : quelques nuits d’hôtel au mieux, mais surtout des couloirs d’immeubles, la voiture parfois, voire la rue, puis le squat
pendant plusieurs semaines avant la prise d’empreintes à Rennes, à leurs frais…. Puis un logement et une aide financière pendant
l’examen de leur situation, avec à la clé un refus dans la majorité des cas.
S’ensuit une période de recours hypothétique sans ressources financières et souvent, faute de preuves, un refus avec une obligation de quitter le territoire (l’OQTF), la perte du logement et un dernier recours pour raison de santé.
Une situation analogue pour les jeunes mineurs attendant des semaines le « test de minorité » demandé par le procureur, qui débouchera soit sur le sésame de la prise en charge, soit sur la rue.
Bien sûr, ces personnes déboutées, menacées dans leur pays, ne peuvent envisager un retour…
Cette situation est dénoncée par le réseau Migrants de Brest, dont La Halte fait partie au côté d’autres accueils de jour et d’associations comme Digemer, l’Abaafe, Zéro personne à la rue, la Ligue des droits de
l’homme, les syndicats, la priorité étant d’éviter la rue aux familles et jeunes déboutés ou en recours.
Ce sombre paysage s’éclaire lorsque certains réussissent à obtenir une autorisation de séjour et de travail, et à occuper des emplois, des emplois à vrai dire peu prisés (agro-alimentaire, cuisine). Quant aux enfants, ils s’intègrent très vite à l’école, en toutes circonstances.
Leur seul souhait à tous :
« avoir les moyens de travailler
et donc de vivre dignement en France ».