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Michel Lanternier à Ouest France

Au lendemain de la Journée mondiale des pauvres, Michel Lanternier, président national de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, estime qu’on parle peu de la solitude. « Cette souffrance au cœur de toute pauvreté, cette souffrance qui dérange »

Les rapports d’étonnement que formulent certains migrants peu de temps après leur arrivée sur notre sol portent souvent cette interpellation : comment se fait-il qu’il y ait chez vous autant de gens seuls ? Au lendemain de la Journée mondiale des pauvres, ce rude questionnement fait écho à la réflexion qui se fait jour depuis plusieurs années au sein des organismes dédiés à la lutte contre la pauvreté et la précarité. Ce qui est vrai pour les migrants est vrai pour toutes les personnes qui sont en situation de pauvreté, depuis des mois, voire des années. Comme elles ne sont plus dans l’étonnement mais dans le combat pour s’en sortir, elles se conforment à ce qu’on attend d’elles : être des pauvres « comme il faut ».

Si on les interroge, elles évoquent en priorité la précarité de leurs moyens qui ne leur permet pas de vivre décemment. Ce qu’elles aimeraient dire au fond sur la réalité de leur souffrance est bien différent mais, elles le savent, n’est guère audible… Quand elles répondent aux questions des médias demandeurs de témoignages pour faire parler les chiffres – revenus, seuil de pauvreté, aides sociales, logement – elles jouent le rôle auquel on les assigne. Pour cette raison, on entend peu parler de cette souffrance au cœur de toute pauvreté, cette souffrance qui dérange : la solitude.

L’isolement, « la pauvreté de l’homme moderne »

Oui, la solitude est la plus grande des pauvretés. Cette conviction s’appuie sur l’expérience des acteurs de terrain et sur le témoignage des personnes aidées. Le trait d’union de tous ceux qui sont – ou se sentent – isolés, abandonnés, qu’ils soient par ailleurs riches ou pauvres. Alors, au lendemain de la Journée mondiale des pauvres, changeons de lunettes pour ne plus nous focaliser sur la pauvreté monétaire et étendons notre vision à un champ bien plus vaste. La pauvreté de l’homme moderne n’est plus liée à une question de revenu ou de position sociale. La pauvreté de l’homme moderne, c’est aussi sa solitude, son isolement.

S’il n’y a pas d’écoute, de considération, d’attention portée à chaque personne et de temps passé avec elle, la lutte contre la pauvreté se réduit à un cache-misère. Il faut voir plus loin, et changer de mode d’action pour inventer des moyens qui prennent en compte la personne, que l’on soit acteur public ou associatif.

La visite de la personne isolée, dans son quartier, à son domicile ou en maison de retraite, dans sa chambre d’hôpital ou dans sa cellule de centre de détention est la condition de son maintien dans un réseau de relations et de contacts vitaux. Bien sûr, cet accompagnement est exigeant et il ne peut être assuré que dans un partenariat entre acteurs du secteur professionnel public ou privé et du secteur du bénévolat associatif

Ces actions demandent de la disponibilité, du temps et une prédisposition à l’écoute. La prédisposition d’ailleurs ne suffit pas. Il faut s’engager avec le cœur et se laisser toucher. Et c’est là que réside l’essentiel : la Journée mondiale des pauvres, qui se tient chaque année à l’initiative du pape, s’adresse à tous les hommes de bonne volonté, afin que justement ils ne restent pas intacts. Qu’ils aillent vers les pauvres, à la rencontre de leur solitude et qu’à leur tour, reconnaissant qu’ils partagent cette même peur de la solitude, qu’ils se reconnaissent pauvres parmi les pauvres. »

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