
Hommage à Chrystel Haumont 1973-2019
Hommage de la Conférence de Saint Vincent de Paul de Montigny
à Chrystel HAUMONT
par Pascal CHATEAU
Mercredi 16 janvier 2019
Ma chère Chrystel,
Comme tu ne manquais pas d’humour, certainement dois-tu te dire que ma voix d’outre- tombe est de circonstance.
A propos de voix, la tienne était bien connue au sein de la conférence de St Vincent de Paul de Montigny comme elle l’était aussi dans tout le département, puisque tu avais été élue vice-présidente du Conseil départemental de notre Société et depuis trois ans, tu y secondais précieusement la Présidente, Gabrielle Pister, par ton investissement sans faille et ta grande disponibilité.
Tu as intégré notre Conférence de Montigny dans les pas de Bernard Graef et tu y as apporté ta jeunesse et ton dynamisme. Chacun reconnaît que tu avais un sacré caractère – j’en profite un peu puisque pour une fois, tu n’es pas en capacité, ni de me couper la parole, ni de me répondre – oui, tu avais un sacré caractère mais tu témoignais toujours du caractère sacré de ton engagement vis-à-vis de Dieu, à travers ton choix de vie et le service des autres.
Non seulement, tu participais au service de nos bénéficiaires dans la bonne humeur…, – nous gardons tous en mémoire tes éclats de rire derrière nos guichets – mais aussi, tu savais nous aider nous autres bénévoles dès que nous rencontrions un souci informatique ou autre… Tu étais également coutumière de petits gestes, de petite attention :
– Et je te rapporte un livre, et je t’offre un chapelet, et je te donne un porte clé de Frédéric Ozanam…etc…
Ces petits riens, simplement pour faire plaisir, ces petits riens précieux qui à partir d’aujourd’hui, pour nous, resteront si émouvants.
Un jour, un bénéficiaire venu en sandales par temps froid n’avait pas échappé à un interrogatoire en bonne et due forme de ta part. Il t’avait confessé ne pas avoir de chaussures fermées. Tu lui avais alors demandé sa pointure et l’après-midi même, c’était chaussure faite… si j’ose dire… Il se trouvait que sa pointure était celle de ton père…L’histoire ne dit pas si le papa lui, s’était retrouvé en sandales, du coup !
Ce papa et cette maman dont tu étais si proche et que tu embarquais avec fierté dans nos collectes ou les travaux de remise en peinture de nos locaux… Ils me disaient en s’épongeant le front, que parfois, c’était vraiment dur de te suivre et que plus d’une fois, ils avaient dû s’accrocher aux branches. Nous vous rassurons chers Marie-Claire et Patrick, nous aussi !
Je défie quiconque qui t’aura transporté un jour ou l’autre dans sa voiture, de pouvoir affirmer qu’il a eu l’utilité de son autoradio. Impliquée dans tant de domaines, tant de mouvements, tant d’associations…comme tu le disais souvent et c’était vrai : « Tu étais connue comme le loup blanc. ». A l’écoute de tous et de tout, tu étais au courant de beaucoup de choses au sein du diocèse. Lors des nouvelles affectations des prêtres dans les paroisses, tu nous faisais bien rire car tu nous donnais toujours l’impression de connaître les nominations avant l’Évêque lui-même.
Oui Chrystel, parfois tu étais un peu soûlante et têtue mais derrière cette façade nous percevions tous une fragilité extrême pour ne pas dire, une extrême fragilité, que tu tentais de dissimuler quelquefois derrière ton exubérance. Jamais, malgré quelques tentatives, tu ne t’es livrée un peu. Tu étais très, très secrète. C’était évidemment ton choix et chacun le respectait car tu revendiquais d’être indépendante et de n’avoir de compte à rendre à personne sauf à.…et de ton doigt, tu désignais le ciel.
Mourir pour toi n’était d’ailleurs pas un problème puisque, je te cite :
« Là, forcément, ce ne peut-être que du bonheur ! ». Et tu ajoutais : « En attendant, ce sont des vivants dont il faut s’occuper !»
Mais aujourd’hui Chrystel, je ne peux m’empêcher de te poser une question :
« Toi Chrystel Haumont, t’es-tu suffisamment occupée de toi ? »
Et je devine que là, tu es contente de ne plus pouvoir me répondre car tu as toujours su esquiver les questions qui t’embêtaient.
Comme chacun d’entre nous, Chrystel, tu étais certainement un être complexe avec ses doutes et ses convictions, ses peurs et ses ressources…bref, fragile et puissante comme la flamme de la Lumière de Bethléem que tu t’étais arrangée de récupérer une année, pour la faire briller au cœur de notre local.
Lors des offices, au moment où le prêtre nous invite à nous donner la paix du Christ, tu te tournais toujours vers l’assemblée pour offrir la Paix aux autres. Tu t’inclinais en portant les mains à ton cœur, en regardant chacune et chacun affectueusement, en affichant un beau sourire.
Ce cœur que tu as peut-être trop rudoyé, ce regard qui ambitionnait d’apparaître un jour coiffé du voile d’une congrégation religieuse, ce sourire recueilli et bienveillant mais qui, parfois, se figeait.
Même si nous sommes tous abasourdis par le départ soudain et imprévisible de la jeune femme que tu étais, nous croyons que Celui en qui tu avais placé toute ton espérance va désormais te permettre d’être en Vérité, dans la Paix de son Amour infini.
Et comme tu n’auras pas eu la joie de l’entendre officiellement durant ta vie terrestre, nous conférenciers, te le disons avec beaucoup d’affection :
« Au revoir, Sœur Chrystel. »
Hommage de la Conférence de Saint Vincent de Paul de Montigny à Chrystel HAUMONT
par Pascal CHATEAU
Mercredi 16 janvier 2019