“Dans la rencontre avec la diversité des étrangers, des migrants, des réfugiés, nous avons l’opportunité de grandir en tant qu’Église, de nous enrichir mutuellement”.
Tel était le message du pape François, qui nous a exhorté à tendre la main aux nouveaux arrivants lors de la 107e journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2021.
C’est dans la lignée de ses propos qu’à Paris, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul sont particulièrement mobilisés pour l’accompagnement des migrants. Alors comment aider les migrants de Paris ?
Définir la notion de migrant
De nombreux termes sont employés de manière aléatoire et indistincte pour désigner les personnes en situation de migration. Immigration, sans-papiers, demandeur d’asile, personne exilée, mineur non accompagné, en situation irrégulière. Ces mots sont parfois rattachés de manière floue à la notion de “migrant” et beaucoup d’amalgames sont faits autour de réalités pourtant différentes.
Le terme de “migrant” est souvent employé de manière péjorative pour désigner ceux qui ne paraissent pas être intégrés dans une société donnée, au vu de leurs conditions de vie et ou de leur apparence physique, supposée étrangère. Fréquemment, la personne sera suspectée d’être un migrant économique (contrairement aux réfugiés ou demandeurs d’asile, qui le font par contrainte politique) et donc peu légitime.
C’est malheureusement au prisme de leur pays d’origine que ces personnes nouvellement arrivées sont vues. En revanche, nous nous en tenons ici à une définition plus précise. Nous entendons par “migrant” toute personne étrangère présente sur le sol français, dont la situation transitoire ne lui a pas encore permis de faire valoir ses droits (statut de réfugié, titre de séjour).
Cette période transitoire a, par exemple, été réduite pour les demandeurs d’asile avec la Loi Asile et Immigration de 2018, qui réduit le délai de traitement des demandes. Néanmoins, de nombreuses personnes se trouvent encore dans un flou ou un vide juridique qui provoque une situation précaire pendant de longs mois.
Les migrants à Paris
La présence des personnes migrantes à Paris
La capitale française est un lieu européen de transit et d’arrivée à travers lequel passent de nombreuses personnes en migration. Certaines sont désireuses d’y rester, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une étape vers une destination finale (notamment des pays européens comme l’Angleterre ou l’Allemagne).
Paris est la ville de France la plus concernée par les migrations que l’Europe connaît depuis 2014, qui proviennent essentiellement des pays du Moyen-Orient et d’Afrique touchés par une instabilité politique (Syrie, Irak, Afghanistan).
Les chiffres varient chaque année, du fait des différentes crises sociales, économiques et politiques, de leurs conséquences, mais aussi des politiques migratoires de chaque pays. Fin 2020, on dénombrait entre 300 et 500 migrants à Paris mais les flux migratoires ont été endigués par la crise sanitaire mondiale de 2020. Celle-ci a vu le nombre de personnes migrantes résidant à Paris diminuer : au pic de la crise migratoire en 2015-2016, on recensait jusqu’à 3 500.
La visibilité des migrants et de leurs problèmes
Si la présence des migrants à Paris est souvent vue comme problématique, c’est parce que les difficultés auxquelles ils sont confrontés sont particulièrement visibles. Installés en ville, c’est notamment le problème du mal-logement et de la précarité qu’ils incarnent à travers leurs conditions de vie.
Leur présence est révélée aux citoyens de la ville à travers leurs campements en plein milieu de Paris (espaces verts, voire trottoirs). Visibles aux yeux de tous à proximité de leurs tentes (La Chapelle, la Villette, Stalingrad…), la plupart des problèmes auxquels ils sont confrontés (accès à l’hygiène, manque de nourriture, logement insalubre) sautent aux yeux de tous.
Le sort de ces humains en situation de précarité ne laisse personne indifférent. Si certains les blâment, de notre côté, nous pensons qu’il les faut accueillir et, nous avons immédiatement cherché à aider les migrants de Paris.
Comment aider les migrants à Paris
Les valeurs de la Société de Saint-Vincent-de-Paul inclinent naturellement chacun de ses membres à venir en aide aux personnes exilées et isolées, comme elle a toujours tendu la main aux plus défavorisés.
Face à cette situation, l’humanité des bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul les a donc naturellement conduits à agir dès l’afflux migratoire, dès le milieu des années 2010. Aujourd’hui, ils continuent à se montrer solidaires envers les migrants et leurs actions n’ont pas cessé.
Il faut en effet garder à l’esprit que les migrants sont des personnes qui ont fui leur pays dans une situation d’urgence, ou après des persécutions. Exilés et isolés de leur famille, leur situation n’est pas enviable. Accueillir dignement les migrants passe par une amélioration de leur quotidien et par un soutien dans leurs démarches pour bénéficier de leurs droits fondamentaux.
L’amélioration des conditions de vie des migrants à Paris
Dès 2016, différentes Conférences de la capitale se sont mobilisées pour une amélioration des conditions de vie de chaque personne migrante vulnérable.
Avoir un toit est la base d’une vie saine et sûre. L’aide au logement a donc été une priorité et nous avons donc financé des logements de transition pour les personnes migrantes, grâce à la générosité de nos donateurs et en partenariat avec la Maison Bakhita et les associations ASNDT et Utopia 56. Les personnes accueillies ont ainsi pu en profiter pour commencer à reconstruire leur vie.
En parallèle de l’obtention de ces conditions de vie dignes, nos Conférences parisiennes œuvrent pour accompagner les personnes migrantes sur le chemin de l’intégration dans la société française.
Pour la prise en charge des migrants, plus que se contenter de maraudes ou d’offrir des places d’hébergement d’urgence dans un centre d’accueil, nous cherchons à créer du lien. Servir des repas chauds, enseigner la langue avec des cours de français et proposer des sorties culturelles… Toutes ces activités contribuent à une amélioration du quotidien des migrants tout en favorisant leur insertion.
L’aide administrative pour faire valoir les droits des migrants
Dans une situation temporaire inconfortable, mal informés et ne maîtrisant pas forcément la langue française, les personnes migrantes ont parfois besoin d’aide pour faire valoir leurs droits. À Paris, comme dans toute la France, la mise en place par la Société de Saint-Vincent-de-Paul d’une aide administrative permet à toutes ces personnes d’être accompagnées.
Nos bénévoles viennent à eux, mais les personnes migrantes peuvent aussi bien se rendre dans nos locaux pour bénéficier de l’accompagnement. La situation de la personne est attentivement étudiée pour lui présenter les démarches à accomplir et les droits auxquels elle peut prétendre. Le bénévole qui les suit les aidera ensuite dans la réalisation de ces démarches administratives (demande d’asile auprès de l’OFPRA*, aide au logement, accès aux soins…).
Dans la situation vulnérable où ils se trouvent, l’aide et l’accompagnement social apportés par nos bénévoles aux droits des personnes vulnérables sont très précieux. Les migrants sont bien souvent si démunis que la moindre aide, le moindre droit obtenu, représente une amélioration considérable de leurs conditions de vie.
Pour venir en aide aux démunis, vous pouvez soutenir nos actions en faisant un don ou en devenant bénévole à nos côtés.
Coordination de plusieurs associations pour l’aide aux migrants
Depuis le début de 2016 la Conférence (équipe de bénévole) Saint Vincent de Paul « Saint Joseph – Sainte Rosalie » anime un réseau de proximité à l’Est du 13e arrondissement, comprenant 4 paroisses catholiques, la SSVP, l’association « Les Oeuvres de la Mie de Pain » (OMdP) et l’association « Solidarités Nouvelles pour le Logement » (SNL) de Paris. L’objectif est de coordonner l’accueil de migrants demandeurs d’asile et réfugiés hébergés au Refuge de La Mie de Pain en termes de repas fraternels, d’enseignement du français, de sorties culturelles, et surtout de logement pour ceux qui ont obtenu le statut de réfugié et s’engagent dans un projet d’insertion en Ile de France.
Pour le logement une chaîne de solidarité s’est mise en place pour financer les loyers de logements au prix du marché dont les baux sont pris par SNL-Paris, alors que les réfugiés sous-locataires paient à SNL-Paris un loyer au niveau du PLAI (prêt locatif aidé d’intégration). Le projet s’est décliné en 5 étapes en 2016-2017 par un comité de pilotage ad hoc.
- mai 2016 : accord sur l’objectif et sollicitation de promesses de dons dans les paroisses.
- juillet 2016 : activation des promesses de dons par des chèques à SNL-Paris et des autorisations de prélèvement.
- septembre 2016 : constat du financement et définition du type de logement et du profil de réfugié (célibataire).
- octobre 2016 : choix des 1ers réfugiés éligibles proposés par les travailleurs sociaux des OMdP et de SNL.
- novembre 2016 : location du 1er studio et installation du 1er réfugié, M. Samba Diop, mauritanien
- mars 2017 : location du 2e studio et installation du 2e réfugié, M. Samuel Afewerki, érythréen
- juin 2017 : location du 3e studio et installation du 3e réfugié, M. Abdullah Adam, soudanais
Actuellement, ce projet est porté par 130 donateurs. Il dispose de 80 000 € sur 3 ans, soit 2200 €/mois pendant 36 mois, de quoi louer au moins trois studios.
*OFPRA : Office Français de Protection des Réfugiés et des apatrides