Monique et Yves : le récit d’un voyage à la frontière Ukrainienne

Monique et Yves sont allés à Przemyśl, en Pologne apporter de l’aide aux réfugiés Ukrainiens. Monique, vincentienne à la conférence Cathédrale à Vannes, raconte leur périple :

Dés les premiers jours de la guerre, Yves veut partir en Pologne, apporter des couches et du lait pour les bébés ! A l’occasion d’un article paru dans le Télégramme, il contacte Ludovic de Saint Avé, parti avec son van apporter des dons aux réfugiés d’un camp situé à Przemyśl, ville polonaise à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne occidentale.

Nous décidons de louer une remorque, que nous chargeons avec l’aide de Céline qui avait mis son garage à disposition pour entreposer les nombreux dons reçus suite à l’appel de Ludovic. Nous complétons avec des achats divers, nécessaires pour soins, couches et lait pour bébés, produits d’hygiène et alimentation sans oublier nos amis les bêtes !

Après une semaine de préparation, nous sommes prêts à partir. Les images que l’on ne cesse de nous montrer sur cette guerre sont effrayantes et je mesure notre mission comme un grain de sable dans le désert, toutefois elle donne un vrai sens à ma vie et je suis fière de porter les couleurs de mon pays, représenter la Bretagne et l’association Saint Vincent de Paul .

Nous sommes le mardi 29 mars, il est 4h 35 et nous quittons Monterblanc. Après avoir roulé dix heures (1200Km), nous sommes à mi-chemin, nous arrêtons à Dortmund en Allemagne sur les bords de la Ruhr. Restaurés et après une bonne nuit, nous reprenons la route à 5h. La traversée de la Pologne s’effectue sans problème particulier. Nous doublons des colonnes de camions transportant de l’aide humanitaire et, plus surprenant, des blocs opératoires. Nous arrivons à Cracovie (Krakow) à 18 h sur un emplacement isolé. La présence de rôdeurs nous oblige à repartir et nous faisons encore 100 km avant de nous arrêter fatigués, mais proche de notre but !

Nous sommes jeudi 31 mars. Il est 9h30 quand nous atteignons Przemyśl ! Une équipe nous aide à décharger la remorque avec une organisation et une efficacité remarquables. Puis nous pénétrons dans l’enceinte du camp. Grand parking, où bus, voitures et fourgons vont et viennent ! De nombreuses nationalités sont présentes. Des groupes de personnes, familles attendent avec de nombreux sacs et valises. Je rentre en contact avec une jeune maman portant son bébé d’environ 6 mois. Il s’agit d’une famille de 10 qui à fuit Donetsk. Un des jeunes avec qui je parviens à échanger avec mon peu d’anglais, me tend son portable. Il a écrit : Là bas, ils tirent encore !!!!!!

Cette famille souhaite partir en Allemagne pour y trouver du travail. Restés en contact, nous savons qu’ils sont bien arrivés et espèrent reconstruire un avenir meilleur. Le centre commercial, transformé en camp, est bien surveillé. Je m’adresse à un garde, lui dis que je suis française et que nous souhaitons ramener 2 personnes. Tout va très vite, il m’accompagne auprès d’un groupe qui s’active en pourparlers. Un homme me demande dans quelle région de France nous repartons. Il m’explique qu’il faut se faire enregistrer comme conducteur et justifier d’appartenir à une association. Grâce au groupe WhatsApp mis en place, les échanges se font aussitôt et, rapidement, j’obtiens mon sésame qui va nous permettre, en toute légalité de ramener deux personnes.

On nous présente Victoria et Alexander qui ne se connaissent pas mais vont vite échanger. Victoria transporte dans une caisse, un petit chien Tania qui va dormir une bonne partie du voyage. Après un repas partagé, vite improvisé, nous reprenons cette fois le chemin du retour. Yves propose de rouler de nuit pour avancer. Le confort à 4 dans le fourgon est un peu précaire pour une longue distance et nous organisons un roulement afin que nos hôtes bénéficient d’une meilleure installation. Des ronflements me confirment que certains parviennent à dormir !!!

Le vendredi 1er avril, je suis en contact avec la famille qui doit accueillir Victoria à Fougères. Yasmine qui héberge la fille de Victoria, son mari et 3 enfants depuis déjà 2 semaines, n’a pas de quoi loger Victoria et cherche un hôtel. Nous décidons de garder Victoria chez nous, le temps que la maison du presbytère de Baden soit prête pour les accueillir. Yasmine soulagée, nous changeons de cap et programmons dans le GPS retour maison. Après la pluie, la neige fait son apparition et je crains que ça ne ralentisse
notre progression. Les autoroutes étant bien entretenues, nous poursuivons, nous relayant et puisant dans des ressources que je ne soupçonnais pas ! Les nombreux messages reçus régulièrement de ma famille, amis vincentiens ou non m’ont personnellement beaucoup aidée et je suis fière d’être moi même membre de cette association. Les échanges grâce à Google traduction, nous ont  permis de découvrir un peu la vie de Victoria, avec qui j’ai même chanté Mireille Mathieu et Jo Dassin (beau moment de complicité!). Alexander est resté plus distant mais agréable et participatif. Dés notre arrivée, Yves le conduira à Arradon ou une équipe le prendra en charge. L’occasion de faire connaissance avec Hugues, responsable du comité de pilotage des familles accueillant des réfugiés. Très organisé, patient et bienveillant, je lui suis très reconnaissante. Patrick fera partie de l’équipe attribuée à Alexander, et sa gentillesse et sa bonne humeur seront un atout pour le rassurer et lui redonner goût à la vie.

Nous arrivons le samedi 2 avril à 16h15 sans souci, si ce n’est le vol de la ridelle arrière de la remorque ! Yves raccompagne Alexander qui va être hébergé par Elisabeth. Nous lui souhaitons le meilleur pour l’avenir et nous irons lui rendre visite rapidement. Victoria découvre notre maison, sa chambre et sa salle de bain. Elle semble ravie et ne cesse de me remercier.
Un grand MERCI aux donateurs et particulièrement à Marie Françoise, présidente de ma conférence.
Merci aux 14 participants de Soutien Ukraine qui nous ont accompagnés et encouragés au long de ces 5 journées qui resteront gravées dans nos coeurs !