
Le point de vue de deux accueillis
JOURNEE DE RECOLLECTION DU 25 MARS
LE POINT DE VUE DE DEUX ACCUEILLIS
Ils étaient quelques-uns, «accueillis», samedi 25 mars à Cléguérec à notre récollection annuelle organisée cette année chez les sœurs de Saint Joseph de Cluny.
Ils n’étaient pas très nombreux, en revanche, à avoir osé prendre la parole: le micro, le monde les impressionnaient. Deux d’entre eux ont néanmoins accepté de nous livrer leurs impressions : Pascal et Stéphane.
Comment avez-vous vécu cette journée ?
«Quand on a tout perdu, ce qui reste c’est la Foi» C’est ainsi que Pascal va nous entraîner dans le récit de sa vie bousculée, lui qui en dépit d’une longue dégringolade n’a jamais renoncé à son éducation religieuse.
«J’ai été placé très tôt dans une famille d’accueil, famille catholique qui ne fréquentait cependant l’Eglise qu’épisodiquement. Ils avaient connu les années d’après-guerre et avaient des principes: «ne rien perdre, tout garder».
J’ai gardé des contacts avec cette famille, mes sœurs et frères adoptifs sont devenus pour moi de vrais frères et sœurs, j’ai d’ailleurs plus de contacts avec eux qu’avec ma famille biologique.
Après le bac je suis entré directement dans le monde du travail : bâtiment puis restauration avant d’entrer dans une entreprise de nettoyage. Le nettoyage a été pour moi le métier le plus délaissé, le plus dur, pas de syndicats, personne pour nous défendre.Ce qui a été pour moi un problème: la couleur de ma peau, (Pascal est d’origine antillaise) elle a souvent été un frein. Je suis né aux Antilles, mais j’en suis parti à l’âge de 3 ans.
Cette génération ne montrait jamais de gens de couleur à la télé, hormis dans les pubs : «y’a bon Banania» ou «Oncle Ben’s», à l’époque les gens de couleur n’étaient jamais représentés dans les séries.
Entre 18 et 21 ans j’ai un perdu la foi: je ne fréquentais plus beaucoup les églises et j’étais un travailleur pauvre. Cette foi je l’ai retrouvée par la suite alors que j’avais tout perdu: séparation d’avec ma compagne, chômage, plus de domicile, je n’avais donc plus droit à la garde de mes enfants, à ce moment là je perds ma mère, je n’ai plus rien.
Je dors dans ma voiture, près du Blavet. C’était l’époque de l’exposition «l’art dans les Chapelles», j’allais à pied d’une chapelle à l’autre. Le soir, dans ma voiture qui me servait de logis je priais la Vierge Marie en me souvenant d’une phrase des Evangiles qui dit: «Lâchez tout, je m’occupe du reste».
Je voulais rester le plus pauvre parmi les pauvres.
Actuellement je dors sous la tente ou dans un squat, parfois je fais la manche.
Ce jour de récollection je me suis senti bien intégré au groupe, avec eux j’étais bien..»
Après Pascal c’est Stéphane qui est venu nous confier ses impressions :
« Qu’avez-vous pensé de cette journée ? :
« Pour moi ça a été une super journée conviviale.
Je suis venu conseillé par Gérard le président, je me suis senti aussitôt intégré aux bénévoles. Si c’était à refaire je le referais !
Je ne suis pas trop croyant mais la partie biblique m’a vraiment intéressé. Ce qui me plait en général c’est le côté humain des choses, c’est pour ça que j’ai envie de revenir.
Depuis la mort de ma compagne il y a six ans, j’ai senti un blocage que je ne peux pas encore surmonter. »
Stéphane se définit comme non croyant mais dans le doute. Il a été élevé dans une famille croyante mais le fait d’avoir perdu sa femme lui a fait ressentir un profond sentiment d’injustice. Il a également perdu un bon copain lorsqu’il était au 3e RIMA ce qui n’a fait qu’aggraver ce sentiment.
Stéphane dit aussi avoir beaucoup aimé le fait de se séparer en petits groupes « parce que là on peut s’exprimer ». Il explique qu’il n’a pas pris la parole car il était impressionné par le monde mais il gardera un vraiment bon souvenir de cette journée.