« Les femmes victimes de violences ont du mal à parler »

L’Ac­tion Catho­lique des Femmes vient d’ou­vrir une cellule d’écoute desti­née aux femmes victimes de violences conju­gales. Les expli­ca­tions de Chris­tine Stevens, sa tréso­rière natio­nale.

Comment est née cette cellule d’écoute ?

Notre asso­cia­tion lutte depuis long­temps contre les violences faites aux femmes, en témoigne le livre blanc que nous avions publié en 2000 : Les violences faites aux femmes. Briser le silence. Cette ligne d’écoute s’ins­crit dans cet enga­ge­ment. Elle s’est ouverte le 1er juin dernier, en lien avec la mairie de Paris et le commis­sa­riat du 7e arron­dis­se­ment, où elle est implan­tée. Ce dernier s’est montré très inté­ressé car les violences conju­gales sont une réalité, y compris dans les beaux quar­tiers. Notre ligne est ouverte le lundi après-midi et le jeudi matin. Elle est appe­lée à se déve­lop­per via nos antennes en région.

Quel est le sens de l’écoute dans une telle situa­tion ?

Souvent, les femmes qui nous appellent commencent par nous dire que ce n’est pas pour elles. C’est souvent compliqué pour une femme de parler des violences conju­gales qu’elle subit. Cela néces­site un appri­voi­se­ment mutuel. Toutes nos écou­tantes ont eu une forma­tion à l’écoute à raison de deux demi-jour­nées par mois pendant six mois. Nos premiers appels ont été suivis par l’équipe de forma­tion. À chaque fois, nous faisons une évalua­tion sérieuse de la situa­tion de l’ap­pe­lante. En fonc­tion de leur situa­tion et selon le degré d’ur­gence, nous les conseillons sur la conduite à tenir et les infor­mons sur les struc­tures qui peuvent les accueillir.

Comment bien écou­ter ?

Il est impor­tant d’être soi-même dans de bonnes condi­tions : arri­ver en avance pour ne pas être encore la tête dans les trans­ports. Si on ne se sent pas bien, deman­der à une collègue de nous rempla­cer. Tout cela pour s’as­su­rer que l’on pourra être 100 % atten­tive à l’autre. Notre atti­tude doit donner confiance à la personne qui se livre, et nous ne devons jamais juger ce que nous enten­dons. Notre initia­tive ne s’est jamais cachée de son appar­te­nance catho­lique, inscrite dans le nom de notre asso­cia­tion. Cela nous donne aussi une indi­ca­tion précieuse pour une bonne posture : il faut se garder de vouloir sauver les gens nous-mêmes. Seul Jésus sauve. 

 

Propos recueillis par Sophie le Pivain

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