Canonisation de Pier Giorgio Frassati : une jeunesse en prière à Rome

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À l’oc­ca­sion de la cano­ni­sa­tion de Pier Gior­gio Fras­sati, des jeunes béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul se sont rendus à Rome pour vivre un moment de foi et de frater­nité. Entre audience papale, prière, témoi­gnages et visites, ce week-end spiri­tuel a renforcé leur enga­ge­ment.

« J’ai vu le pape !  » Dans le groupe What­sApp du réseau jeunes de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, l’ex­cla­ma­tion donne le ton du week-end. Les jeunes sont dans la joie, une joie immense, à l’oc­ca­sion de la cano­ni­sa­tion de l’un des leurs : Pier Gior­gio Fras­sati (1901–1925). Le jeune Italien, membre d’une Confé­rence (équipe locale) de Turin, les inspire dans leurs actions béné­voles. Partis de Paris, Bordeaux, Toulouse ou encore Lyon, plusieurs d’entre eux se retrouvent ce samedi 6 septembre après avoir conversé via des écrans et les réseaux depuis plusieurs semaines. 

Fras­sati, un modèle de charité

« Pier Gior­gio Fras­sati, comme Carlo Acutis [cano­nisé égale­ment dimanche 7 septembre 2025] sont des modèles de charité, explique Marie-Made­leine. Ils avaient des vies clas­siques comme nous, ils étaient étudiants mais ils étaient brûlés de cet amour de la charité envers les autres. Je suis très touchée par le message de leur histoire.  » À 23 ans, la jeune femme est venue spécia­le­ment de Toulouse avec d’autres jeunes de son équipe de béné­voles.

Marie-Made­leine, Mario, Liz-Andrea, Marie-Juliette ou encore Abra­ham mettent à profit les quelques heures avant la célé­bra­tion pour visi­ter la ville. Comme de nombreux autres pèle­rins, ils déam­bulent dans les rues avec le portrait de Fras­sati dans le dos, accom­pa­gné de sa devise « Verso l’alto » (vers le haut). Devant la fontaine de Trévi, un groupe d’Ita­liens se pressent, eux sont plutôt Acutis que Fras­sati. Un peu plus loin, il faut se frayer un passage dans la foule. On est loin du week-end à Rome sans personne : ce samedi enso­leillé est encore un jour de vacances en Italie.

Sur les traces d’un futur saint

Après avoir assisté à l’au­dience géné­rale le matin, l’oc­ca­sion de voir donc le nouveau pape « en vrai », les jeunes passent la porte sainte de la basi­lique Sainte-Marie-Majeure. Au milieu des touristes qui dégainent leur télé­phone devant le tombeau du pape François, les jeunes se recueillent en silence. Ils préparent ce moment depuis des semaines. Au prin­temps, certains sont partis à Turin et Oropa, où vécu Fras­sati. Mi-août, ils ont aussi parti­cipé au Jubilé des jeunes, à Rome déjà. Durant ces quelques jours avec d’autres jeunes béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul venus du monde entier, ils ont appro­fondi leur connais­sance de la vie du futur saint, et même rencon­tré une descen­dante : Wanda Grawonska est la nièce de Pier Gior­gio Fras­sati. Enfin, depuis dix jours, leur groupe What­sApp est animé par une neuvaine sous forme de podcasts pour rester unis en commu­nion de prière y compris avec ceux qui n’ont pas pu faire le dépla­ce­ment.

Pour Marie-Laure, de Paris, tout s’est décidé à la dernière minute. Très mobi­li­sée dans son équipe locale, elle orga­nise des maraudes, un accueil café le samedi et parti­cipe à l’opé­ra­tion Hiver soli­daire (accueil de sans-abris dans les paroisses). «  Il y a un noyau de jeunes qui animent, mais l’équipe compte aussi des aînés.  » Autant d’ac­tions locales qui témoignent de cette charité en actes prônée par Frédé­ric Ozanam, le fonda­teur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Comme elle, cent ans plus tôt, Pier Gior­gio Fras­sati avait le souci du plus petit, du faible, et l’en­vie de servir pour témoi­gner de sa foi. 

Témoi­gner de sa foi hier comme aujour­d’hui

Dans le réseau, plusieurs équipes portent d’ailleurs le nom de Fras­sati, par exemple à Bordeaux, où habite Marie-Juliette. « C’est par Fras­sati que je suis arri­vée à la Société de Saint-Vincent-de-Paul, raconte la jeune femme. J’avais lu sa biogra­phie et vu qu’il faisait partie d’une asso­cia­tion. Quand j’ai cher­ché une maraude à Bordeaux, je suis tombée sur la Confé­rence Fras­sati (équipe locale de béné­voles) ! »  

Pour Marie-Juliette comme pour les autres jeunes du réseau, Pier Gior­gio Fras­sati, engagé dans de nombreux mouve­ments et asso­cia­tions catho­liques, était l’un des leurs : un Vincen­tien. C’est ce que rappellent les orga­ni­sa­teurs en ouvrant la veillée, samedi soir en l’église Saint-Louis-de-Français.  « Il est un exemple pour nous tous. Il nous invite à témoi­gner de notre foi. À son époque, il a bravé toutes les diffi­cul­tés pour annon­cer joyeu­se­ment sa foi. » Une quaran­taine de personnes a répondu l’in­vi­ta­tion lancée par la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Étudiants, jeunes profes­sion­nels ou même… jeunes parents, se glissent en silence sur les bancs.

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L’am­biance est parti­cu­liè­re­ment recueillie lorsque Paolo livre son témoi­gnage. Alors que sa mère est décé­dée d’un cancer fulgu­rant au début de l’an­née, le jeune étudiant pari­sien s’ap­puie sur sa foi pour conser­ver l’es­pé­rance. « La douleur était là mais le Seigneur m’a tendu la main dans la nuit.  » Ému, il fait une pause puis reprend : « Désor­mais le Seigneur n’est plus un inconnu, j’ai reçu le sacre­ment de confir­ma­tion en juin dernier. Des graines ont été semées par le Seigneur, j’ai osé dire oui. » 

Veiller au cœur de la notte

L’église Saint-Louis a été mise à la dispo­si­tion des jeunes spécia­le­ment par les Pieux établis­se­ments. À quelques mètres de La voca­tion de saint Mathieu (Le Cara­vage), Marie-Juliette prend le micro : « C’est une grâce d’être là, près de cent ans après la mort de Pier Gior­gio Fras­sati. » Sans autre instru­ment que leurs voix, les jeunes entament la veillée en chan­tant, les voûtés dorées de Saint-Louis magni­fient l’ins­tant.

« Merci Seigneur, nous sommes recon­nais­sants d’être là ce soir, rappelle le père Vargas qui accom­pagne les jeunes depuis quelques mois. Nous te disons merci pour faire partie de cette famille vincen­tienne, de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. » Puis, les lumières s’abaissent. C’est le moment du temps d’ado­ra­tion. Certains tombent à genoux, d’autres serrent un petit chape­let dans leurs mains. Avant la grande fête de demain sur la place Saint-Pierre, il est temps pour les jeunes de se confier au Père dans le secret de leur cœur.

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La notte est tombée sur Rome depuis un moment. À la sortie de l’église, les parti­ci­pants retrouvent la chaleur  et le bruis­se­ment de la ville. Théo­dore, 19 ans, et Étienne, 24 ans, échangent quelques mots avec les orga­ni­sa­teurs. « On est venus sur un coup de tête. C’est une belle fête pour l’Église ! Il n’y en a pas tous les quatre matins, des cano­ni­sa­tions… » Étienne confesse qu’il ne connais­sait pas très bien la vie de Fras­sati, un peu plus la Société de Saint-Vincent-de-Paul. La veillée a donné l’oc­ca­sion aux deux amis de rencon­trer des béné­voles actifs. Comme les autres parti­ci­pants, ils repartent avec le tee shirt aux couleurs de l’as­so­cia­tion. « On le met demain place Saint-Pierre !  »

À suivre…