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La double peine des mamans isolées

Près d’une famille sur cinq est aujourd’hui sous la responsabilité d’une maman élevant seule ses enfants. Une situation de précarité qui bien souvent isole, tant sur le plan matériel que sur le plan affectif et social. Des situations difficiles au quotidien qui nécessitent cette écoute compréhensive et cet accompagnement fraternel si chers à la Société de Saint-Vincent-de-Paul.

 

Être maman solo : une situation difficile à laquelle sont confrontées de plus en plus de femmes. Selon les dernières statistiques de l’Insee, sur 8 millions de familles avec enfants de moins de 18 ans, 1,8 million sont des familles monoparentales, soit 22 %. Une part qui a fortement augmenté depuis 1999, où elle atteignait 17 %.

© V. Costarella - SSVPOr, comme le souligne Gérard Nevrand, sociologue, « la monoparentalité est un facteur manifeste d’appauvrissement pour beaucoup de femmes. Certaines étaient déjà en situation de précarité, mais pour d’autres, c’est la séparation qui crée la précarité, quand elles sont peu diplômées, qu’elles avaient un travail précaire ou qu’elles ne travaillaient pas. »

Porter seule la responsabilité d’un foyer devient un vrai parcours du combattant quand les pensions alimentaires ne sont pas payées. Souvent, ces femmes font face à des temps partiels non choisis, ou alors doivent concilier l’éducation de leurs enfants en bas âge avec un métier à horaires décalés, notamment dans le secteur de l’entretien ou l’accompagnement à la personne.

Des situations que connaît bien Laurent Brager, président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul à Mende : « Nous croisons beaucoup de mamans isolées, notamment dans le cadre de l’accompagnement à la scolarité, où sont accueillis les jeunes du primaire et du secondaire les soirs de semaine. C’est difficile pour elles de concilier horaires de travail et conduites d’école. Le fait que nous prenions en main leurs enfants de 16h30 à 18h peut les aider à s’en sortir. Récemment, une maman a pu prendre un poste à mi-temps grâce à notre structure. »

Autre casse-tête de la mère isolée

Autre casse-tête : trouver à se loger, avec un seul salaire, souvent maigre quand il y en a un, et sans caution à faire valoir dans la plupart des cas. Une impasse pour certaines d’entre elles dans la mesure où, sans logement, elles on n’ont pas d’adresse, et que sans adresse, elles ne peuvent prétendre à un emploi. Ces difficultés matérielles vont de pair avec une solitude affective importante, devant le fait d’avoir tout à gérer de front, de l’éducation des enfants au règlement du loyer et des factures, en passant par la gestion du quotidien et des urgences. De plus, le regard des autres reste pesant quand on élève seule ses enfants, qu’il est impossible de se libérer pour les réunions parents-professeurs faute de mode de garde, ou d’acheter à ses enfants le maillot de bain nécessaire à la sortie à la piscine…
Face à ces mères seules, Michel Rouzé, de la Société de Saint-Vincent-de-Paul d’Athis-Mons, s’émerveille : « Comment tiennent-elles quand il n’y a plus d’argent le 15 du mois, qu’elles décrochent des ménages à l’autre bout de l’Ile-de-France, se lèvent à 4 heures du matin et déploient des trésors d’imagination pour faire garder leurs enfants ? »

 

Conseils pour accompagner une maman isolée

Comme toute personne en précarité, les mamans isolées ont soif d’amitié et de reconnaissance autant que d’aide matérielle. Mais leur situation demande une vigilance sur des points précis.

1. Ne pas juger, le jugement normatif pouvant être source de souffrance.

2. Rester discret, se tenir dans une écoute amicale en attendant que la confiance s’établisse.

3. Lui proposer, si elle en a la possibilité, de donner de son temps ou de rendre service pour lui permettre de se sociabiliser et de ne pas se sentir « assistée ».

4. L’aider à garder confiance et espérance, l’inciter à ne pas abandonner ses rêves et ses projets.