L’isolement social

Une personne tenant la main d'une dame âgée.

La Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP) fait de l’iso­le­ment social sa pierre angu­laire. Depuis près de 180 ans, nos béné­voles prêtent main-forte aux personnes qui souffrent d’iso­le­ment, en leur rendant visite régu­liè­re­ment. Nos 17 000 béné­voles travaillent à soute­nir ces personnes isolées qu’ils vont visi­ter chez elles, en maison de retraite, à l’hô­pi­tal ou encore dans la rue. Pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul, il est essen­tiel d’aler­ter l’opi­nion publique sur les risques liés à l’iso­le­ment social.

 

L’iso­le­ment social, en quelques mots

Parce que la Société de Saint-Vincent-de-Paul œuvre chaque jour auprès des personnes isolées, il est essen­tiel de porter une atten­tion parti­cu­lière sur la notion d’iso­le­ment social.

L’iso­le­ment social est l’un des trois types de soli­tude décrits par l’Ob­ser­va­toire natio­nal de la pauvreté et de l’ex­clu­sion sociale (ONPES).

L’iso­le­ment social est la situa­tion dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de rela­tions dura­ble­ment insuf­fi­santes dans leur nombre ou leur qualité, est en situa­tion de souf­france et de danger. Les rela­tions d’une qualité insuf­fi­sante sont celles qui produisent un déni de recon­nais­sance, un défi­cit de sécu­rité et une parti­ci­pa­tion empê­chée. Le risque de cette situa­tion tient au fait que l’iso­le­ment prive de certaines ressources impé­ra­tives pour se consti­tuer en tant que personne et accé­der aux soins élémen­taires et à la vie sociale.

C’est la défi­ni­tion propo­sée par le Conseil Écono­mique, Social et Envi­ron­ne­men­tal.

En d’autres termes, l’iso­le­ment social exprime une absence d’in­ter­ac­tions. L’un des besoins fonda­men­taux d’un indi­vidu n’est pas rempli, à savoir l’in­té­gra­tion ou l’ap­par­te­nance à un groupe. Une personne souf­frant d’iso­le­ment social a un entou­rage social très faible, ce qui cause son mal-être.

Si sortir de l’iso­le­ment social est une véri­table épreuve, les béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul tissent des liens entre les personnes, en leur rendant visite.

 

 

Entre soli­tude et isole­ment, quelle diffé­rence ?

Les personnes accom­pa­gnées par nos équipes de béné­voles peuvent ressen­tir la soli­tude ou bien être véri­ta­ble­ment victimes de l’iso­le­ment. Pour elles, nos actions de rencontres se veulent chaleu­reuses et accueillantes.

La soli­tude et l’iso­le­ment sont bien souvent vus comme syno­nymes. Pour­tant, ces deux termes n’ont pas la même signi­fi­ca­tion.

La soli­tude peut être ressen­tie ou factuelle. Il est possible de ressen­tir de la soli­tude alors que l’in­di­vidu est bien entouré. Elle est factuelle lorsque l’in­di­vidu n’a personne dans son entou­rage pour inter­agir ou parta­ger son quoti­dien. Dans ce cas de figure, elle se rapproche de l’iso­le­ment social.

On clas­si­fie les inter­lo­cu­teurs en 5 réseaux de socia­bi­lité, à savoir : fami­lial, profes­sion­nel, amical, affi­ni­taire et de voisi­nage. L’iso­le­ment social appa­raît lorsque l’in­di­vidu a un nombre d’in­ter­lo­cu­teurs hebdo­ma­daires infé­rieurs à 4, en dehors des membres du foyer.

Une personne peut être isolée socia­le­ment mais ne pas ressen­tir de soli­tude. Inver­se­ment, une personne peut avoir des inter­ac­tions régu­lières avec un entou­rage varié, mais ressen­tir un fort senti­ment de soli­tude.

Néan­moins, les personnes isolées ressentent beau­coup plus le senti­ment d’être seules. C’est pourquoi il est impor­tant d’agir pour éviter toute souf­france liée à cette situa­tion. La Société de Saint-Vincent-de-Paul a fait le choix d’agir, pour elles, pour leur bien-être.

 

Parlons des diffé­rents types d’iso­le­ments sociaux

Depuis de nombreuses années, nous assis­tons à une augmen­ta­tion des situa­tions d’iso­le­ment. Les béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul en sont les premiers témoins. En allant à la rencontre des jeunes, parfois sans familles pour les épau­ler, auprès des personnes âgées qui n’ont plus aucun contact avec les autres, mais aussi des familles pauvres très isolées.

Les prin­ci­pales causes de l’iso­le­ment rela­tion­nel sont des facteurs socio-écono­miques et de perte d’au­to­no­mie. Les chômeurs, les inac­tifs, les personnes ayant de faibles reve­nus, mais aussi les personnes âgées, en sont les premières victimes.

Le senti­ment de soli­tude reste plus marqué chez les isolés : à ce jour, près de trois personnes isolées sur dix se sentent souvent ou quoti­dien­ne­ment seules.

 

L’iso­le­ment vécu par les jeunes

Le nombre de jeunes socia­le­ment isolés se fait de plus en plus impor­tant. 12 % des 15 à 30 ans ne peuvent comp­ter que sur un seul des réseaux de socia­bi­lité (fami­lial, profes­sion­nel, amical, affi­ni­taire et de voisi­nage).

L’iso­le­ment social chez les jeunes résulte de plusieurs facteurs :

Les jeunes sont pour la plupart sans emploi. Certains béné­fi­cient d’aides comme la bourse étudiante ou d’autres aides de la CAF, néan­moins leurs reve­nus sont faibles, voire inexis­tants. La préca­rité est l’un des facteurs communs aux personnes isolées. De fait, il réduit les possi­bi­li­tés de faire des sorties entre amis, de payer un abon­ne­ment pour une acti­vité spor­tive ou de manger au restau­rant par exemple.

Le départ du domi­cile paren­tal réduit consi­dé­ra­ble­ment les rela­tions sociales : alors que les échanges étaient quoti­diens avec les membres de la famille, le jeune se retrouve souvent esseulé dans un loge­ment étudiant.

On pour­rait aussi noter comme facteurs d’iso­le­ment : l’ab­sence de rela­tion amou­reuse, les mauvaises condi­tions de loge­ment ou les diffi­cul­tés d’ac­cès aux moyens de trans­ports ainsi que la mauvaise santé.

L’enquête menée par le Centre de recherche pour l’étude et l’ob­ser­va­tion des condi­tions de vie (CREDOC) soulève notam­ment une corré­la­tion entre isole­ment et souf­france psychique.

Les béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul tentent d’ap­por­ter une réponse humaine à cette souf­france. Depuis toujours, la SSVP s’en­gage à combattre la soli­tude en entrant en rela­tion avec celles et ceux qu’elle touche. Une main tendue, un sourire, ou une aide maté­rielle, font partie des petits gestes que propose la SSVP, et qui permettent de se raccro­cher à la vie en société.

 

L’iso­le­ment vécu par les personnes âgées

Lorsque l’on parle d’iso­le­ment rela­tion­nel, on pense tout de suite aux personnes âgées. Et pour cause, elles font partie des premières cibles de la soli­tude. Diffé­rents aspects socio-écono­miques sont à l’ori­gine de cette situa­tion :

Les personnes âgées doivent faire face à la disso­lu­tion de leur cercle fami­lial. Leurs enfants quittent la maison et fondent leur propre famille, à cela s’ajoute un éloi­gne­ment géogra­phique. Elles vivent avec un taux d’in­ter­ac­tions sociales très limité.

Au-delà de 60 ans, on observe une hausse du taux de décès : la perte du conjoint est un des prin­ci­paux facteurs d’iso­le­ment social. Le réseau de socia­bi­lité lié à la famille n’est plus solli­cité.

Elles font aussi face à une préca­rité finan­cière du fait de la retraite. Les reve­nus sont affai­blis et les aides de l’État se font moins impor­tantes. À la Société de Saint-Vincent-de-Paul, le profil de personne le plus présent aux repas parta­gés est celui des personnes vieillis­santes.

La vieillesse apporte égale­ment son lot de diffi­cul­tés liées à la santé. Les personnes âgées voient appa­raître un manque d’au­to­no­mie : mobi­lité réduite, manque d’ac­cès aux trans­ports, appa­ri­tion de mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives, entre autres.

Jours après jours, les équipes de béné­voles œuvrent ensemble pour redon­ner goût de vivre aux personnes isolées en leur rendant visite chez elles ou en orga­ni­sant, pour ceux qui peuvent se dépla­cer, des goûters parta­gés dans les locaux de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.

 

L’iso­le­ment vécu par les chômeurs

La situa­tion des chômeurs est à inter­ro­ger : quels sont leurs réseaux de socia­bi­lité ? Les personnes sans emploi se situent en marge, car elles ne corres­pondent pas à ce que la société attend d’eux : travailler.

Une situa­tion de chômage durable peut faire écla­ter une famille et provoquer un divorce. Le chômeur se retrouve seul, en situa­tion de préca­rité finan­cière. C’est une des raisons pour lesquelles le taux de dépres­sion et de suicide est beau­coup plus élevé chez les chômeurs que pour le reste de la popu­la­tion.

D’autre part, l’image renvoyée à l’en­tou­rage est néga­tive. Dans le cercle d’ami, le chômage crée une sépa­ra­tion. Les conver­sa­tions tournent autour du travail et le chômage ne corres­pond pas à une situa­tion d’épa­nouis­se­ment person­nel.

Les personnes au chômage vivent une rupture cumu­la­tive des liens sociaux. C’est pourquoi la Société de Saint-Vincent-de-Paul offre diffé­rentes réponses desti­nées aux personnes en marge du monde profes­sion­nel, parmi elles : l’ac­com­pa­gne­ment vers l’em­ploi et l’aide admi­nis­tra­tive.

 

L’iso­le­ment vécu par les femmes

Les femmes font face à de multiples diffi­cul­tés qui peuvent les pous­ser à l’iso­le­ment social. L’une des raisons prin­ci­pales est l’aug­men­ta­tion du nombre de familles mono­pa­ren­tales :

L’es­pé­rance de vie des femmes est plus grande de 6 ans que celle des hommes. Le veuvage est par consé­quent plus présent chez les femmes, ce qui explique en partie la situa­tion d’iso­le­ment social.

On observe égale­ment une préca­rité plus impor­tante chez ces femmes :

Le nombre de familles mono­pa­ren­tales a beau­coup augmenté ces dernières années. En 2019 en France ce sont 21 % des foyers qui sont consi­dé­rés comme “mono­pa­ren­taux”. Une majo­rité de ces foyers sont compo­sés d’une mère avec enfant(s). Les femmes souffrent donc parti­cu­liè­re­ment de l’iso­le­ment.

Parce que la Société de Saint-Vincent-de-Paul se tourne vers les plus dému­nis et vers ceux qui souffrent de la soli­tude, ces femmes peuvent se rendre dans les Accueils de jour et d’écoute de l’as­so­cia­tion. Là-bas, une oreille atten­tive et une ambiance chaleu­reuse les attend.

Isole­ment et exclu­sion sociale : quelles diffé­rences ?

Au-delà des formes précé­dem­ment citées, il existe une situa­tion d’iso­le­ment qui met volon­tai­re­ment de côté certaines personnes : il s’agit de la notion d’ex­clu­sion sociale. Elle consiste en la margi­na­li­sa­tion de certaines personnes du fait de leur appa­rence, de leur condi­tion physique, de leur langue ou encore de leur situa­tion écono­mique et sociale. Il existe donc diffé­rentes formes d’ex­clu­sion.

Consciem­ment ou non, certains indi­vi­dus vont ainsi en éviter d’autres parce qu’ils jugent leur mode de vie trop diffé­rent ou qu’ils les craignent. L’ex­clu­sion sociale est donc un phéno­mène plus actif que l’iso­le­ment ou que la sensa­tion de soli­tude.
Elle est souvent souvent basée sur l’igno­rance ou des stéréo­types, qui sont parfois telle­ment ancrés dans la société que certains n’ont même pas conscience d’ex­clure les autres, alors qu’ils les font malgré tout souf­frir.

Parmi les plus exclus socia­le­ment, on peut citer les seniors, les personnes handi­ca­pées, les personnes sans-abri ou encore les personnes étran­gères. Pour eux, la puni­tion est double : privés de lien social, ils subissent égale­ment des préju­gés qui limitent leur inté­gra­tion écono­mique et sociale et augmentent leur fragi­lité, leur senti­ment d’iso­le­ment et leur statut précaire.

Alors, la seule solu­tion des personnes exclues leur paraît parfois être le repli sur soi. À la SSVP, nous pensons que la solu­tion se situe dans l’en­traide pour favo­ri­ser la cohé­sion sociale. Face à l’ex­clu­sion, nous tendons la main aux plus fragiles.

 

Glos­saire

  • Qu’est-ce que l’iso­le­ment social ?

L’iso­le­ment social est une absence d’in­ter­ac­tions : l’in­di­vidu a un nombre d’in­ter­lo­cu­teurs hebdo­ma­daires infé­rieurs à 4, en dehors des membres du foyer.

  • Quelle est la diffé­rence entre soli­tude et isole­ment ?

La soli­tude est ressen­tie alors que l’iso­le­ment est un fait : on peut être isolé (avoir peu d’en­tou­rage social) mais ne pas se sentir seul. Et on peut être entouré mais se sentir seul.

  • Comment nous aider ?

Vous souhai­tez aider la SSVP dans la lutte contre la soli­tude ? Vous pouvez rejoindre nos béné­voles, soute­nir par la prière, trans­mettre votre patri­moine ou faire un don.